Nos vies sont, par nature, des toiles tissées de fils opposés. Nous aspirons à la paix, mais nous sommes souvent consumés par l’agitation. Nous prônons la simplicité, tout en accumulant des désirs et des biens complexes. Cette vérité simple, que nos vies sont remplies de contradictions, n’est pas un signe de faiblesse, mais la preuve d’une richesse intérieure et d’une lutte constante.

Elles sont partout. Elles existent entre ce que nous disons et ce que nous faisons ; entre l’idéal que nous nous fixons et la réalité de nos actions.
- Nous désirons être proches des autres, mais nous nous réfugions dans la solitude par peur d’être blessés.
- Nous savons ce qui est bon pour notre corps et notre esprit (dormir plus, manger sainement), mais nous cédons facilement à la gratification immédiate qui nous nuit.
- Nous aspirons à une vie de liberté, tout en nous laissant enfermer dans des routines, des peurs ou des dépendances.
Ces tensions permanentes créent parfois de la frustration ou un sentiment d’hypocrisie. Elles nous rappellent que nous sommes des êtres inachevés, constamment en mouvement entre nos parts d’ombre et de lumière. La contradiction n’est pas un échec, c’est le moteur de l’évolution. C’est le frottement entre ce que nous sommes et ce que nous sommes appelés à devenir.
La plus grande contradiction réside peut-être dans notre quête de sens. Nous cherchons l’absolu, l’éternel, dans un monde qui nous rappelle chaque jour sa finitude et sa relativité. C’est cette tension, ce manque, qui nous pousse à nous dépasser, à chercher plus haut et plus loin que le simple confort matériel.
Comme le disait Siméon en annonçant que le Christ serait un « signe de contradiction », il montrait que la vérité est souvent là où on ne l’attend pas. La contradiction n’est pas là pour nous détruire, mais pour nous révéler à nous-mêmes ; elle nous oblige à choisir notre camp, non pas contre les autres, mais contre nos propres résistances intérieures.
Si nos vies sont un champ de bataille de contradictions, nous ne devons pas nous décourager. Au contraire ! C’est dans cette lutte que réside notre plus grande force et notre plus grande humanité.
La contradiction n’est pas une impasse ; c’est un appel à l’intégration.
- L’Acceptation : Le premier pas est d’accepter que cette dualité est normale. Nous sommes à la fois faibles et forts, imparfaits et capables de grandeur. En reconnaissant nos contradictions, nous nous libérons du poids de la perfection.
- Le Mouvement : La tension crée l’énergie. Chaque fois que nous choisissons l’idéal plutôt que la facilité, la vérité plutôt que le mensonge (même envers nous-mêmes), nous faisons un pas vers l’équilibre et la cohérence intérieure.
- L’Espérance : L’espérance chrétienne nous dit que la contradiction ultime a été résolue : la Mort a été vaincue par la Vie. Si le Christ, par sa Passion, a embrassé l’entièreté de la contradiction humaine, alors nos propres tiraillements ne sont pas vains. Ils sont le lieu où la grâce peut travailler et où l’amour peut triompher.
Nos vies sont remplies de contradictions, oui, mais c’est précisément là que réside la possibilité de la croissance. En apprenant à naviguer entre nos ombres et nos lumières avec bienveillance et courage, nous faisons de notre cœur, divisé un temps, le lieu d’une réconciliation profonde et durable. Le chemin n’est pas droit, mais il mène vers plus de vérité et, ultimement, vers la plénitude.

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