Il était une fois, dans une vallée balayée par les vents et les modes, un arbre immense qu’on appelait L’Arbre du Sommet. Il était célèbre non pas pour la beauté de ses fleurs, mais parce que ses branches étaient connectées à des milliers de lumières qui changeaient de couleur tout au long de la journée.

Chaque matin, L’Arbre du Sommet recevait des milliers de messages virtuels : des « J’aime » pour ses feuilles, des « partages » pour ses fruits. Il se sentait incroyablement populaire et passait son temps à essayer de faire briller ses lumières plus fort que tous les autres arbres de la vallée.
Concentré sur le bruit et la lumière de la surface, L’Arbre du Sommet avait fini par oublier quelque chose d’essentiel : ses racines.
Ses racines s’appelaient :
- Racine Patience (sa grand-mère qui avait tenu bon pendant les longues sécheresses).
- Racine Soutien (son père et sa mère qui absorbaient les nutriments des sols difficiles).
- Racine Mémoire (ses frères et sœurs qui s’entremêlaient pour stabiliser le terrain autour de lui).
Un jour, une Tempête du Doute d’une violence inouïe s’abattit sur la vallée. Ce n’était pas une tempête de pluie ou de vent, mais une tempête de confusion et de silence. Toutes les petites lumières qui changeaient de couleur s’éteignirent d’un coup. Le vent emporta les compliments virtuels.
L’Arbre du Sommet se sentit brusquement léger, trop léger. Sans la pression constante de devoir briller, il comprit qu’il n’avait plus rien à quoi se raccrocher. Il commença à vaciller, se sentant seul et désorienté au milieu du grand silence.
C’est là qu’il entendit une voix, douce mais ferme, qui venait du sol.
— Tiens bon ! cria Racine Soutien. Ne te concentre pas sur ce qui s’envole. Concentre-toi sur ce qui te retient.
L’Arbre du Sommet, écoutant pour la première fois les profondeurs, sentit la force de Racine Patience qui le maintenait stable malgré le déséquilibre. Il sentit le tissage serré de Racine Mémoire qui lui rappelait : « Nous avons déjà traversé pire que cela. Tu as la force de nos anciennes victoires en toi. »
Les racines ne le flattaient pas. Elles ne lui demandaient rien. Elles faisaient simplement leur travail : le maintenir en vie.
L’Arbre du Sommet réalisa alors que la popularité et les lumières n’étaient que de belles décorations sur ses branches, agréables quand le temps était calme. Mais quand venait la tempête – quand la vie devenait difficile, quand il se sentait perdu ou jugé – c’était la force silencieuse et invisible de ses racines, sa Famille-Fondation, qui le sauvait de la chute.
Il sourit. La Tempête du Doute passa, et le soleil revint. Les lumières recommencèrent à clignoter sur ses branches.
Mais cette fois, L’Arbre du Sommet était différent. Il passait chaque matin un moment de reconnaissance à sentir la force de ses racines, les arrosant de son attention. Il savait désormais que pour atteindre les sommets de la vie et résister à toutes les intempéries, il devait rester profondément et solidement connecté à ceux qui le tenaient.
Et il continua de grandir, non plus pour la gloire, mais avec une force calme et inébranlable.

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