Quand on regarde ce qui se passe en 2025, franchement, on peut comprendre pourquoi beaucoup de gens désespèrent.

Les guerres partout, la planète qui chauffe, les prix qui explosent, les inégalités qui se creusent, les infos qui balancent du négatif en continu… On a parfois l’impression que tout part en vrille.
Et là, on se retrouve devant un choix un peu brutal :

  • soit on s’enfonce, on se ferme, on devient cynique,
  • soit on choisit de voir les petites étincelles, et on essaie de construire, à notre échelle, un bout de monde meilleur.

La question, ce n’est pas juste : quel chemin est “le bon” ?
La vraie question, c’est : quel chemin nous permet encore de vivre, d’aimer, d’agir, sans se perdre soi-même ?

1. Le chemin du désespoir : tentant… mais destructeur

Tomber dans le désespoir, ce n’est pas juste être triste. C’est un mécanisme de défense :
on se dit “de toute façon, ça ne sert à rien”, pour ne plus avoir à souffrir ni à se sentir responsable.

Ça prend plein de formes dans la vie de tous les jours :

  • Sur les réseaux :
    Tu vois une vidéo sur la guerre, les migrants, la misère… et dans les commentaires :
    “On ne peut rien y faire”, “L’humain est pourri”, “C’est foutu”.
    Résultat : ça soulage sur le moment, mais ça ne change rien, ça ajoute juste une couche de noirceur.
  • Au boulot :
    Les injustices, les burn-out, les manager toxiques…
    Tu te dis : “C’est comme ça partout, faut juste tenir jusqu’à la retraite.”
    Et tu t’éteins petit à petit, tu fais le strict minimum, tu survis au lieu de vivre.
  • Dans la famille, le couple, les amis :
    On évite les sujets qui fâchent, on se renferme chacun dans son écran, on râle plus qu’on ne crée.
    Chacun est fatigué, chacun se protège, et on perd la connexion.

Le problème, c’est que le désespoir finit par devenir une prophétie auto-réalisatrice :
on croit que rien ne changera, alors on ne fait plus rien, donc rien ne change.

2. Le chemin des “petites étincelles” : pas naïf, mais exigeant

Choisir l’espoir, ce n’est pas se raconter des histoires et faire comme si tout allait bien.
C’est dire : “Oui, le monde est dur, mais je refuse d’ajouter encore plus de noir.
Je veux être une micro-lumière quelque part.”

Les “petites étincelles”, ce n’est pas des grandes révolutions héroïques.
C’est du concret, du quotidien, parfois même très banal :

  • Dans ton immeuble / ton quartier :
    • Dire bonjour à la voisine isolée, lui proposer de l’aider pour ses courses.
    • Participer à un troc de vêtements, un jardin partagé, une petite fête de quartier.
      C’est minuscule à l’échelle de la planète, mais énorme à l’échelle d’une vie.
  • Au boulot :
    • Défendre un collègue qu’on critique injustement.
    • Proposer un système de roulement pour soulager celui qui est toujours surchargé.
    • Dire “merci” et “bravo” sincèrement, pas ironiquement.
      Tu ne répares pas le monde, mais tu changes une atmosphère.
  • Avec l’argent :
    • Acheter parfois chez un petit producteur, une librairie indépendante, un artisan.
    • Éviter de surconsommer pour se remplir intérieurement.
      Chaque euro devient un vote pour le monde que tu veux encourager.
  • Avec les infos :
    • Limiter le flux toxique : pas besoin de 3h de mauvaises nouvelles par jour.
    • Chercher aussi des médias qui montrent des initiatives positives.
      Sinon, ton cerveau finit par croire que le bien n’existe plus.

Tout ça, ce n’est pas spectaculaire. Mais c’est réel.
Et surtout : ça nous redonne du pouvoir d’agir. On passe de “victime du monde” à “actrice / acteur, même modeste”.

3. Quel chemin prendre ?

Entre s’enfoncer et espérer, ce n’est pas juste une question de morale, c’est aussi une question de santé mentale.

  • Le chemin du désespoir te protège au début (“je me détache pour ne plus souffrir”)
    mais il finit par t’éteindre.
  • Le chemin de l’espoir lucide fait mal parfois (parce que tu vois ce qui ne va pas)
    mais il te garde vivant, relié, en mouvement.

On ne peut pas toujours être au top.
Il y aura des jours où tu seras fatigué·e, où tu n’y croiras plus, où tu auras juste envie d’éteindre la lumière.
C’est normal.

L’idée, ce n’est pas de choisir une fois pour toutes en mode : “Je suis désormais quelqu’un qui espère, merci au revoir.”
L’idée, c’est : à chaque fois que tu le peux, revenir vers les petites étincelles.
Un peu comme on remet du bois dans un feu qui menace de s’éteindre.

Alors, quel chemin prendre ?
Celui qui te permet encore de te regarder dans la glace et de te dire :
“Je n’ai pas tout arrangé, mais je n’ai pas renoncé.”

4. Comment y arriver concrètement ?

On peut résumer en trois mouvements : se protéger, se relier, agir à petite échelle.

1) Se protéger (sans se couper du monde)

  • Limiter la surcharge d’infos :
    Par exemple : se fixer une plage de 20 minutes par jour pour les actualités, pas plus.
    Le reste du temps, couper les notifications, éviter le défilement infini.
  • S’autoriser à décrocher :
    Tu as le droit d’éteindre ton téléphone, de ne pas répondre tout de suite,
    de ne pas tout porter sur tes épaules.
  • Prendre soin de ton corps :
    Manger à peu près correctement, dormir, marcher un peu…
    C’est basique, mais impossible de porter de l’espoir sur des épaules complètement épuisées.

2) Se relier (ne pas rester seul avec sa peur)

  • Parler vraiment avec une personne de confiance :
    Pas juste : “Ça va ? – Ouais, et toi ?”
    Mais : “En ce moment, je suis inquiet·e pour l’avenir, j’ai peur de…”
    Le fait de mettre des mots, déjà, ça apaise.
  • Chercher des gens qui agissent :
    Associations, collectifs, groupes informels…
    Ça peut être :
    • une AMO,
    • une asso d’aide aux devoirs,
    • un groupe de ramassage de déchets,
    • un club de discussion sur l’écologie ou la solidarité.
      Être entouré de gens qui agissent remet du sens.

3) Agir à petite échelle (mais vraiment)

Choisis 2 ou 3 choses maximum, concrètes, tenables, et commence par là :

  • Autour de toi :
    • Passer du temps avec un enfant (un neveu, une nièce, l’enfant d’un ami) et lui apprendre quelque chose : cuisiner, réparer, planter une graine.
    • Rendre visite régulièrement à une personne âgée seule dans ton immeuble.
      Tu ne répares pas la société, mais tu répares un lien humain.
  • Dans ta consommation :
    • Décider par exemple : “Je réduis la fast fashion, je privilégie la seconde main ou le local.”
    • “Une fois par mois, je mets 5 ou 10 euros dans un projet que j’estime (asso, créateur, journal indépendant…).”
      Peu, mais régulier, c’est plus puissant qu’un grand geste qu’on tient 3 jours.
  • Dans ton attitude :
    • Ne pas rajouter du cynisme là où il y en a déjà assez.
    • Encourager, féliciter, remercier. Pas de façon forcée, mais dès que tu le penses vraiment, le dire.
      Ça change l’ambiance d’un groupe.

Au bout d’un moment, ces petites actions créent une sorte de cohérence intérieure :
tu n’es plus juste “contre” ce monde, tu es aussi “pour” autre chose.

5. Accepter qu’on ne verra peut-être pas le résultat final

On aimerait tous avoir la garantie :
“Si je fais des efforts, le monde ira mieux d’ici 10 ans.”
Mais on ne l’a pas. On ne l’aura jamais.

En revanche, on peut se dire :

  • Je choisis de ne pas ajouter du désespoir au désespoir.
  • Je choisis d’être un maillon : pas toute la chaîne, juste un maillon qui tient.
  • Je choisis que, là où je suis, les choses soient un tout petit peu moins dures qu’elles ne le seraient sans moi.

C’est humble, mais c’est immense.

Pour résumer :

  • Oui, on a toutes les raisons de désespérer.
  • Non, on n’est pas obligé de s’y enfoncer.
  • Les “petites étincelles”, ce n’est pas du déni : c’est une forme de résistance.
  • On y arrive en se protégeant, en se reliant, et en agissant à petite échelle, régulièrement.

On ne contrôlerera jamais le monde entier.
Mais on peut influencer l’ambiance du morceau de monde qu’on touche :
notre famille, notre rue, notre travail, nos amis.

Et c’est souvent là que commence, très discrètement, un monde meilleur.

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