Je vais prendre l’exemple le plus connu du 14 janvier : sainte Nina (ou Nino), qu’on fête ce jour-là dans plusieurs traditions. C’est une jeune femme toute simple qui a pourtant changé l’histoire d’un pays : la Géorgie.

On imagine souvent les saints comme des gens extraordinaires, avec des pouvoirs spéciaux, des vies hors norme.
Sainte Nina, elle, casse un peu cette image.
C’est une jeune femme, pas une reine, pas une grande intellectuelle, pas une cheffe d’armée.
Juste une fille qui aime le Christ, qui prie, et qui ose se laisser envoyer loin de chez elle.
Son histoire, en gros, c’est ça :
elle quitte son pays, arrive en Géorgie comme une étrangère, sans réseau, sans soutien particulier. Au début, personne ne la connaît. Elle n’a pas de micro, pas de réseaux sociaux, pas de « plan com’ ».
Elle a seulement sa foi, sa simplicité, sa douceur, sa persévérance.
Et c’est par elle, par sa manière de vivre et de parler, que tout un peuple va découvrir l’Évangile.
Si tu te poses parfois cette question :
« Qui suis-je, moi, pour changer quoi que ce soit ? »,
Nina te rejoint directement.
Elle aurait pu se dire :
- Je suis trop jeune.
- Je ne suis pas assez instruite.
- Je ne connais pas la langue, ni la culture.
- Personne ne m’attend là-bas.
Mais elle n’est pas restée bloquée sur ses limites.
Elle a choisi de se mettre en route.
Ça nous parle pour aujourd’hui :
On attend souvent d’être « prêts », d’être meilleurs, d’avoir plus confiance en nous, plus de temps, plus de moyens… pour commencer quelque chose de beau.
Sainte Nina nous rappelle une chose très simple :
Dieu n’attend pas que tu sois parfait pour t’envoyer.
Il t’envoie là où tu es, avec ce que tu es, maintenant.
Ce qui marque dans sa vie, ce n’est pas une grande stratégie, des discours brillants ou des miracles de cinéma.
C’est surtout :
- Sa prière : elle porte les gens dans son cœur.
- Sa douceur : elle ne force personne, elle témoigne.
- Sa constance : elle ne lâche pas à la première difficulté.
- Sa cohérence : ce qu’elle dit, elle essaie de le vivre.
C’est ça qui touche les gens autour d’elle.
Aujourd’hui, on vit dans un monde où chacun veut faire entendre sa voix, crier plus fort que les autres, imposer son avis. On croit que plus on parle fort, plus on a raison.
Sainte Nina nous montre autre chose :
parfois, ce qui touche le plus, ce n’est pas ce que tu dis, mais la façon dont tu le vis.
Ta foi, si tu es croyant, ne se prouve pas seulement par des grands discours, mais par ta manière :
- d’aimer,
- de pardonner,
- d’accueillir,
- d’être vrai,
- de tenir dans l’épreuve.
Il faut aussi le dire : Nina, c’est une femme, dans une époque et une région où les femmes n’avaient pas particulièrement de pouvoir.
C’est aussi une étrangère.
Bref, dans la société, elle coche plutôt les cases « discrète », « secondaire », « marginale ».
Et c’est par elle que Dieu passe.
Ça peut bousculer nos idées :
- Tu te crois trop jeune ?
- Trop vieux ?
- Trop peu cultivé ?
- Trop discret ?
- Pas du « bon milieu » ?
- Pas assez sûr de toi ?
Dieu a l’habitude de passer par ceux qu’on ne attend pas.
Sainte Nina te murmure, en quelque sorte :
« Là où toi tu vois un handicap, Dieu voit souvent une porte d’entrée. »
Ta fragilité, ton histoire compliquée, ton caractère réservé…
Ça peut devenir un chemin pour rejoindre des gens que personne d’autre ne rejoindra.
Nina a été envoyée en Géorgie.
Toi, tu ne seras peut-être jamais missionnaire à l’autre bout du monde.
Mais tu as ta propre « terre de mission » :
- ta famille,
- ton travail,
- ton lycée, ta fac,
- ton quartier,
- ta paroisse,
- ton groupe de copains.
La question, ce n’est pas :
« Est-ce que je vais convertir un pays entier ? »
La vraie question, c’est :
« À qui Dieu m’envoie-t-il aujourd’hui ? Une seule personne, concrète. »
Peut-être :
- cette collègue qui traverse un deuil,
- ce voisin isolé,
- ce jeune de ta paroisse qui a besoin d’être encouragé,
- ce proche qui a pris ses distances avec la foi, mais qui garde une question au fond du cœur.
Tu ne seras peut-être pas sainte Nina pour un peuple entier,
mais tu peux être « une Nina » pour une personne qui a besoin d’une présence, d’une écoute, d’un témoignage.
À partir de sainte Nina, on peut se poser quelques questions très concrètes :
- Où est-ce que je me sous-estime ?
Là où je dis : « Qui suis-je pour… ? »
Peut-être que Dieu, lui, y voit une occasion. - Est-ce que je nourris ma vie intérieure ?
Nina ne s’est pas contentée d’agir : elle priait, elle restait connectée à Dieu.
Sans ce lien, on s’épuise vite, on devient juste un activiste de plus. - Quelle est aujourd’hui ma petite fidélité ?
Un geste, une personne, une mission, un engagement où je choisis de tenir, même si ce n’est pas spectaculaire.
En regardant sainte Nina, on comprend qu’un saint, ce n’est pas quelqu’un qui plane au-dessus de l’humanité.
C’est quelqu’un qui dit à Dieu : « Me voici »,
et qui accepte de se laisser utiliser, là où il est, comme il est.
Nina a changé un pays.
Toi, tu peux changer une ambiance, un cœur, un climat de famille, une équipe, une paroisse.
Ce n’est pas moins grand, aux yeux de Dieu.

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