Philippe, c’était quelqu’un de vraiment à part.
On pourrait dire qu’il ne parlait pas, mais en vrai, il disait énormément de choses, juste autrement.

Il vivait avec sa maman, qui était toujours là pour lui, presque comme son repère. On sentait bien qu’entre eux deux, il y avait un lien très fort, fait de gestes, d’habitudes, de regards. Ils avaient leur façon à eux de se comprendre, sans forcément avoir besoin de mots.
Il aimait bien venir chez Marianne et Luc. Le petit café, c’était un peu le rituel, le moment simple mais important. Et alors, quand il arrivait et qu’il voyait la table mise… Là, on voyait ses yeux changer. Il y avait comme une lumière, une joie toute simple : “Ah, ce soir on mange ensemble.”
Philippe, il aimait manger, profiter du repas, prendre son petit verre. Pour lui, le moment du repas, ce n’était pas juste “manger”, c’était être avec les autres, faire partie du groupe.
Même s’il ne parlait pas, il savait très bien se faire comprendre.
Par exemple, quand il estimait qu’il était l’heure de passer à table, il pouvait poser les pommes de terre ou autre chose sur la table, comme pour dire : “Bon, maintenant on y va, c’est le moment !” C’était sa façon à lui d’annoncer que le repas devait commencer.
Et à l’inverse, quand quelque chose ne lui plaisait pas, ça se voyait aussi. Il savait montrer qu’il n’était pas content, qu’il n’était pas d’accord. Il n’était pas “transparent” du tout : il avait son caractère, ses envies, ses limites.
Il savait aussi dire merci, à sa manière.
Après un bon repas, quand il se frottait la poitrine, c’était très clair : il avait bien mangé, il s’était régalé, et c’était sa façon de dire : “Merci, c’était bon.”
Les applaudissements aussi, c’était lui. C’était sa manière de montrer qu’il était content, qu’il avait passé un bon moment, qu’il reconnaissait ce qu’on faisait pour lui.
Tout ça, c’était son langage.
Philippe était quelqu’un d’attachant.
Dans les réunions de famille, il avait vraiment sa place. Il n’était pas juste “à côté”, il faisait partie du cœur du groupe. Il participait à sa façon, par sa présence, ses petites habitudes, ses réactions tout au long de la journée. On finissait par attendre ses gestes, ses regards, ses mimiques. Sans lui, ce n’était pas pareil.
Il aimait aller chez les autres, changer un peu de cadre, et il appréciait particulièrement les jours à la mer. Ces moments-là, c’était une sorte de liberté pour lui, une respiration. On imagine bien ce que ça pouvait lui apporter : le bruit des vagues, l’air marin, le changement d’environnement… même sans mots, il devait le vivre intensément.
Aujourd’hui, avec son décès, c’est tout ça qui remonte :
– son regard quand la table était mise,
– ses gestes pour dire “on mange ?”,
– sa façon de montrer qu’il n’était pas content,
– sa manière de dire merci, la poitrine qu’il se frottait, ses applaudissements,
– et cette présence discrète mais indispensable dans les réunions de famille.
C’est une absence qui se voit, qui se sent.
Mais en même temps, Philippe laisse derrière lui une trace bien réelle : tous ces moments partagés, toutes ces petites scènes du quotidien qui, mises bout à bout, font une vie pleine, une place qu’il a occupée à sa manière, et qu’on n’oubliera pas.
Parler de lui, se souvenir de ces détails, c’est une manière de le garder vivant parmi vous. Philippe n’avait peut‑être pas les mots, mais il a su marquer les gens autour de lui. Et ça, c’est une belle forme d’existence, une belle empreinte.

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