Chers frères et sœurs, Joyeux Noël !

Après la course effrénée des dernières semaines – les cadeaux, les repas, la logistique – nous voilà enfin arrivés. Tout le monde s’attend à voir le petit Jésus dans la crèche, les bergers, les animaux…
Mais l’Évangile que l’on vient de lire, celui de Saint Jean, ne nous parle pas de paille ni de langes. Il nous frappe de plein fouet avec des mots qui claquent comme des titres de films de science-fiction : « Au commencement était le Verbe. »
C’est un texte lourd, philosophique. Qu’est-ce que ça veut dire pour nous, en 2024, quand on a la tête remplie de recettes de bûches et de résolutions à prendre ?
Saint Jean ne parle pas d’un petit dieu de village. Il parle du Verbe. Imaginez un instant le monde comme un ordinateur géant. Le Verbe, c’est le code source. C’est l’Intelligence, la Raison, le Sens Ultime par lequel tout ce que tu vois, tout ce que tu es, a été créé.
Aujourd’hui, nous sommes submergés par l’information, les fake news, les algorithmes. On passe notre temps à chercher du sens dans le bruit, sur nos écrans, dans la performance. Et on finit souvent par se sentir vide.
Noël nous dit ceci : le sens, le Code Source qui donne sa valeur à ta vie, qui est la Lumière pour tes zones d’ombre, n’est pas à inventer. Il existe depuis toujours. Il est Dieu lui-même, et Il s’est manifesté.
Le point de bascule de notre foi, c’est le verset 14, le plus scandaleux et le plus magnifique de toute la Bible : « Et le Verbe s’est fait chair. »
Dieu, l’Énergie Pure, le Code Source, la Source de Lumière qui ne s’éteint jamais… Il n’a pas envoyé un email. Il n’a pas fait une mise à jour sur le cloud. Il n’a pas envoyé un prophète pour livrer un message.
Non. Il a fait un Grand Téléchargement. Il a pris notre humanité, notre fragilité, notre vulnérabilité. Il est devenu un bébé, totalement dépendant.
Pensez-y : dans un monde obsédé par la puissance, le succès et l’imperméabilité (on ne veut pas montrer nos faiblesses), Dieu choisit la forme la plus faible pour nous rejoindre. Il s’engage complètement.
Ce que cela change : Si Dieu a pris notre chair, alors notre chair a une valeur infinie. Ton corps, ton humanité, tes joies, tes peines, ne sont pas juste des accidents ; ce sont des lieux habités, des lieux où la gloire de Dieu peut briller.
L’Évangile nous lance un défi avec une phrase terrible : « Il était dans le monde, et le monde ne l’a pas reconnu. »
Aujourd’hui, c’est le « taux de non-reconnaissance » qui est le plus frappant. On a fait de Noël une fête géniale, chaleureuse, généreuse… mais on rate souvent le point principal : la Présence.
On est tellement concentré sur les cadeaux autour de la crèche qu’on ne voit plus celui dans la crèche. On est tellement occupé à faire des choses qu’on oublie d’être simplement là, de le recevoir.
Recevoir la Lumière, c’est accepter d’être illuminé, de voir ce qui ne va pas dans notre vie, mais aussi de voir la beauté et la dignité dans l’autre, surtout celui qui nous irrite ou qui est vulnérable.
Saint Jean dit que ceux qui l’ont reçu ont reçu le « pouvoir de devenir enfants de Dieu. »
Ce n’est pas un titre honorifique. C’est un changement d’identité.
Aujourd’hui, le monde nous demande d’être des consommateurs, des performeurs, des suiveurs de tendances. Dieu nous dit : « Je te donne le pouvoir d’être toi-même, enfant de Dieu. » Tu n’es pas défini par ce que tu fais, ce que tu gagnes, ou ce que tu postes. Tu es défini par Celui qui est né pour toi.
Alors, en ce jour de Noël, après que le Verbe se soit fait chair, la question n’est plus « Qu’est-ce que je fais pour Dieu ? », mais : « Qu’est-ce que je laisse Dieu faire en moi ? »
Accueillons cette Lumière, cette Présence, et laissons-la transformer notre humanité en un lieu de grâce et de vérité.

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