Frères et sœurs, chers amis,

Ce soir, le monde s’arrête. Dans le silence, après le tumulte des préparatifs, nous voici rassemblés pour la plus ancienne et la plus bouleversante des histoires : la naissance d’un enfant. Ce n’est pas un mythe, ni une fable, c’est le moment où, comme nous le rappelle Saint Luc, le Verbe s’est fait chair (Jn 1, 14).
L’Évangile commence par une référence administrative précise : « En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre » (Lc 2, 1).
En 2025, cette ouverture résonne étrangement. Nous vivons sous l’emprise des décrets, des statistiques et des algorithmes. Nos vies sont tracées, quantifiées, recensées. Nous sommes des « numéros » dans un gigantesque système d’information. Cet édit d’Auguste, c’est le pouvoir humain qui décide, qui déplace, qui impose sa logique au monde.
Et c’est précisément au milieu de ce chaos organisé – de ce besoin humain de tout contrôler, de tout compter – que Dieu choisit d’entrer. Dieu ne choisit pas la table de négociation à Rome. Il choisit un voyage harassant, l’humilité du dérangement, la vulnérabilité du dénombrement.
Le message pour aujourd’hui : Face à l’immensité et la froideur des systèmes (économiques, numériques, politiques), Dieu nous dit : « Je vous vois. Je vous rejoins là où vous êtes, dans le désordre de vos vies. »
Joseph et Marie arrivent à Bethléem. Luc est lapidaire : « il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Lc 2, 7).
Combien de fois, en 2025, sommes-nous en quête de place ? Une place dans la société, une place de parking, une place dans un agenda surchargé, une place dans le cœur de ceux que nous aimons. Marie et Joseph se heurtent à la porte fermée de l’indifférence et de la saturation.
Dieu n’est pas né dans le confort du centre. Il est né en périphérie, dans une mangeoire. Et c’est là, dans cette absence de place, dans cet « invisible » aux yeux du monde, que réside la vraie lumière.
Le message pour aujourd’hui : Le Christ nous demande de regarder au-delà du visible. Il n’est pas à chercher dans les grands succès ou les richesses affichées sur les réseaux sociaux. Il est présent dans les marges : dans le sourire forcé de celui qui est seul ce soir, dans la fragilité des personnes âgées, dans les vies qui n’ont pas trouvé leur place. Noël nous appelle à ouvrir la « salle commune » de notre cœur à ce qui ne paie pas de mine.
L’annonce de la Bonne Nouvelle n’est pas faite aux dignitaires de Jérusalem, ni aux érudits de l’époque. Elle est faite aux bergers, des exclus, des gens qui travaillaient la nuit et qui étaient considérés comme impurs.
Et que leur est-il annoncé ? « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une grande joie… Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur » (Lc 2, 10-11).
Le signe donné est l’humilité radicale : vous trouverez l’enfant « emmailloté et couché dans une mangeoire ».
Le message pour aujourd’hui : En 2025, nous sommes bombardés de « signes » de succès, de puissance, de beauté filtrée. L’Évangile, lui, nous offre un signe de fragilité. Si nous attendons Dieu dans le spectaculaire, nous le manquerons. Il vient dans la simplicité :
- Dans un plat partagé avec un voisin.
- Dans la main tendue à un enfant qui peine.
- Dans un moment de paix enfin trouvé.
Les bergers, eux, sont allés voir. Ils ont cru au message et ont laissé leur travail pour se déplacer. Noël est une invitation à quitter notre zone de confort et à chercher Dieu dans l’humble.
Le récit culmine avec le chant des anges : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime » (Lc 2, 14).
La gloire de Dieu, ce n’est pas Sa puissance écrasante ; Sa gloire, c’est Son humilité. C’est le fait qu’Il se rende disponible.
Et la Paix (Shalom) promise n’est pas l’absence de guerre (bien que nous en rêvions tous), mais la plénitude et l’harmonie intérieure que seul le Christ peut donner. Cette paix est offerte à ceux qui s’ouvrent à Sa grâce.
Frères et sœurs, en cette nuit sainte, le Dieu invisible se rend visible, le Dieu immense se fait petit. Il nous demande d’ouvrir les portes de notre cœur et de nos vies qui sont souvent saturées par le superflu.
Que l’Enfant de Bethléem, le Sauveur emmailloté, nous donne le courage de chercher Sa présence non pas dans le vacarme du monde de 2025, mais dans le silence de l’Amour et la simplicité de la charité.

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