Clara était une personne de plans. Son appartement était rangé au cordeau, son agenda était codé par couleur, et elle avait une feuille de calcul Excel pour les dix prochaines années de sa carrière. La sécurité, le contrôle, c’était sa façon d’éviter les surprises désagréables de la vie.

Un mardi après-midi, tout son tableau Excel a tremblé.

Ce n’était pas un ange qui est apparu dans sa cuisine, mais un simple e-mail, signé de sa vieille amie Sœur Hélène.

Le message était simple : le centre d’aide aux devoirs pour les jeunes du quartier, celui où Clara avait fait du bénévolat adolescente, était en crise. La coordinatrice partait sans préavis. Il fallait quelqu’un tout de suite pour reprendre les rênes, quelqu’un qui comprenne le cœur de ce travail.

Clara, qui venait d’obtenir une promotion très attendue dans une grande banque, a relu le mail. C’était absurde.

Elle a ressenti le même trouble que Marie à Nazareth. « Moi ? Reprendre ce centre ? Mais comment cela va-t-il se faire ? Mon salaire, ma carrière, mon plan de retraite… tout cela va s’effondrer ! »

Comme Marie, elle était confrontée à une proposition qui dépassait complètement sa logique et ses projets personnels. Son esprit « juste » – celui qui aime l’ordre et la prévisibilité – criait à l’injustice et à l’absurdité.

Elle a passé la soirée à chercher une autre solution, une autre personne. Elle a argumenté dans sa tête avec Sœur Hélène, avec Dieu, avec son agenda.

  • « Pourquoi moi, Seigneur ? Je suis faite pour les chiffres, pas pour gérer des adolescents en crise ! »
  • « J’ai travaillé si dur pour cette sécurité, tu ne peux pas me demander de tout lâcher ! »

Elle était dans l’attente, non pas de Noël, mais d’une réponse qui effacerait cette demande.

C’est là qu’elle a pensé à Marie. Marie n’a pas dit : « Je suis la reine du ciel, je suis trop occupée pour ce genre de tâche. » Elle n’a pas dit : « J’ai d’autres fiançailles de prévues, cette grossesse n’est pas dans mon planning. »

Marie, cette jeune femme simple, a juste posé une question concrète, a écouté l’explication de l’Esprit Saint, puis elle a fait le saut le plus vertigineux de l’histoire.

Clara a regardé son tableau Excel sur l’écran. Elle a vu ses objectifs, ses promotions, ses vacances… Tout était parfait, mais étonnamment froid.

Elle a senti une petite voix, plus douce qu’une alerte de calendrier, lui souffler : L’Esprit ne demande pas ta perfection, il demande ton cœur. Fais-Moi confiance, rien n’est impossible.

Elle a soupiré, a fermé l’ordinateur, et le silence de la nuit a remplacé le bourdonnement des chiffres.

Le lendemain matin, Clara a ouvert l’e-mail de Sœur Hélène. Elle n’a pas écrit une longue analyse de risque. Elle a tapé une phrase, simple, humble, et pleine d’une liberté nouvelle :

« Voici la servante du Seigneur. Que tout m’advienne selon ta parole. Je prends la suite. »

En appuyant sur « Envoyer », Clara n’a pas seulement démissionné de son travail. Elle a donné son « Oui » à un plan bien plus grand que le sien. Elle a embrassé l’inconnu, laissant l’Esprit Saint redessiner la carte de sa vie, prouvant que le véritable homme juste (ou femme juste) est celui qui, par amour, accepte de voir ses plans bousculés pour devenir porteur d’une Espérance plus grande que soi.

Et le monde de Clara, soudain sans plan, est devenu infiniment plus lumineux.

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