Il était une fois, dans un pays perpétuellement enveloppé par la saison de l’Avent, une petite ville nommée Clarté. Chaque année, les habitants attendaient l’arrivée de l’Hivernier, l’artisan chargé de sculpter la crèche de glace et d’allumer l’Étoile du Sommet pour signaler le début des fêtes.

L’Hivernier de cette année-là s’appelait Silas. Il était réputé non pour son talent, mais pour sa capacité à enjoliver ses récits. Quand on lui demandait comment il avait trouvé la glace, il racontait qu’il l’avait arrachée des griffes d’un dragon, au lieu de dire qu’il l’avait simplement puisée au lac.
Le Miroir de Gel
Un jour, Silas reçut son outil le plus important : le Miroir de Gel. Cet objet mystérieux ne renvoyait pas l’image du visage, mais l’image de l’autorité intérieure de celui qui le tenait. S’il était honnête, le Miroir brillait d’une lumière chaude et stable, capable d’allumer l’Étoile du Sommet.
Silas tenait le Miroir. Il s’attendait à une lumière éclatante, digne des prouesses qu’il racontait. Mais le Miroir ne fit que s’embrumer légèrement, d’une lumière terne et hésitante.
« Bizarre ! » se dit Silas. « J’ai dû le nettoyer avec la mauvaise écharpe. »
Le chef des Anciens, un homme au regard doux, s’approcha et dit : « Silas, la nuit de l’Étoile approche. Ton autorité doit être pure, sinon la flamme s’éteindra avant le matin de Noël. »
Le Poids du Mensonge
Silas se mit au travail sur la crèche de glace. Il raconta à tous qu’il travaillait sans relâche, même la nuit, alors qu’en réalité, il faisait de longues siestes.
Il expliqua qu’il avait réussi un exploit en sculptant l’ange d’un seul coup, alors qu’il avait brisé quatre blocs de glace avant de réussir.
Chaque petit mensonge qu’il prononçait, chaque petite exagération, laissait une petite fissure sur le Miroir de Gel et rendait sa lumière plus faible. Silas sentait son cœur devenir lourd ; il n’avait plus la force d’avancer. Il n’osait plus regarder le Miroir par peur de voir sa défaillance. Il avait l’autorité d’un titre, mais pas celle du cœur.
Le Choix de la Vérité
La veille du jour où l’Étoile devait être allumée, Silas était découragé. Il tenait le Miroir, qui était maintenant presque éteint.
Soudain, il se rendit compte que ce n’était pas son talent qui comptait, mais sa vérité. Il posa le Miroir et se rendit chez le chef des Anciens.
« Ancien, » dit-il, la voix tremblante, « j’ai menti. Je n’ai pas vaincu de dragon, je n’ai pas sculpté l’ange d’un seul coup. J’ai eu peur que les gens ne me trouvent pas assez important. J’ai brisé les blocs de glace et j’ai dormi plus que je n’ai travaillé. Le Miroir est éteint. Je ne mérite pas d’allumer l’Étoile. »
Il y eut un long silence. L’Ancien ne le gronda pas, il sourit doucement.
« Repars, Silas. Va vers le Miroir de Gel. »
La Vraie Autorité
Silas retourna à son établi. Il reprit le Miroir, non pas pour s’admirer, mais pour accepter sa propre faiblesse.
Au moment où il tenait le Miroir en se disant sincèrement : « Je suis imparfait, j’ai failli, mais je suis honnête, » une chose incroyable se produisit.
La lumière du Miroir, qui était éteinte, s’alluma d’un coup. Ce n’était pas une lumière éblouissante et vantarde, mais une flamme douce, chaude, et surtout, incroyablement stable.
Le Miroir de Gel avait retrouvé son Autorité. Non pas l’autorité d’un héros sans défaut, mais l’autorité d’un homme qui a eu le courage de se démasquer.
Silas, le cœur léger, monta au sommet de la ville et, utilisant cette lumière née de son humilité et de sa vérité, alluma l’Étoile. Elle brilla alors d’une splendeur inédite, car elle était nourrie par la force de l’honnêteté.
Et c’est ainsi que les habitants de Clarté apprirent que la véritable autorité ne vient pas de ce que l’on prétend être, mais de ce que l’on a le courage d’être : un cœur vrai devant Dieu et devant les hommes.
Voici une morale simple pour ce conte :
Morale :
Le conte de Silas nous rappelle que la véritable autorité n’est pas celle que l’on achète ou que l’on prétend avoir. Elle n’est pas dans l’éclat des exploits racontés, mais dans la lumière stable et tranquille de l’honnêteté.
C’est quand nous acceptons nos imperfections et que nous avons le courage de dire la vérité sur qui nous sommes — sans exagération ni masque — que nous devenons crédibles et forts.
La leçon de l’Avent est la suivante : pour accueillir le Christ, qui est la Vérité, nous devons Lui offrir non pas un cœur parfait, mais un cœur vrai. C’est dans cette humilité et cette transparence que réside notre plus grande autorité : celle de l’enfant de Dieu.

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