il était une fois, dans un village où tout allait très vite et où les gens passaient leur temps les yeux rivés sur des petits écrans lumineux, un vieil homme nommé Théophile. il était le seul, ou presque, à se souvenir qu’il fallait chercher les traces de quelque chose de grand qui avait promis de ne jamais partir, mais que personne ne voyait plus : la Présence.

un jour, une jeune fille nommée Léa s’approcha de Théophile. elle était triste et ne trouvait plus de sens à rien. « Théophile », dit-elle, « où est l’espoir ? où sont les miracles dont parlent les histoires anciennes ? je ne vois que des problèmes et des gens pressés. Dieu a dû partir. »

Théophile sourit. il tendit à Léa deux lunettes très simples, sans verre. « tiens, Léa », dit-il d’une voix douce. « ce sont les lunettes de l’invisible. elles ne corrigent pas la vue, mais elles entraînent le cœur. tu ne verras rien de plus sur ton écran, mais tu percevras les traces de l’amour que tu cherches. »

Léa, sceptique, mit les lunettes sur son nez.

elle se rendit d’abord à la grande place. là, elle vit un enfant qui pleurait parce qu’il avait perdu son ballon. beaucoup de gens passaient sans le remarquer. mais avec les lunettes de l’invisible, Léa vit un homme d’affaires pressé s’arrêter, s’accroupir sans regarder sa montre, et gonfler le ballon à l’aide d’une petite pompe qu’il sortit de sa mallette.

Léa vit alors quelque chose d’étonnant : une petite lumière chaude, comme un rayon de soleil en plein hiver, enveloppa l’homme et l’enfant. Théophile lui avait dit : « quand la compassion s’arrête, la Présence rayonne. c’est la vue retrouvée : s’arrêter et voir le besoin. »

plus tard, Léa alla à la gare. elle observa une dame âgée qui avait du mal à monter les marches avec sa valise trop lourde. elle vit un étudiant écouteurs aux oreilles qui s’arrêta, enleva ses écouteurs, prit la valise sans rien demander et la déposa sur le quai.

à ce moment-là, Léa vit la lumière chaude s’étendre de l’étudiant à la dame, et une force invisible sembla soulager le pas de la vieille dame. « c’est le boiteux qui marche », pensa Léa. « la force d’avancer ne vient pas toujours de nos jambes, mais de la main tendue de l’autre. »

en rentrant, Léa s’arrêta devant une association de quartier qui aidait les familles en difficulté. elle vit des gens simples, sans beaucoup de moyens eux-mêmes, trier des vêtements et des jouets pour d’autres.

elle vit alors la lumière la plus forte : non pas un rayon sur un individu, mais une douceur qui enveloppait toute la pièce. c’était la bonne nouvelle pour les pauvres : le fait que personne n’est abandonné, que la justice et le partage sont possibles même quand tout semble compliqué.

Léa enleva les lunettes de l’invisible. la place, la gare et l’association étaient redevenues normales, grises. mais quelque chose avait changé en elle. elle ne voyait plus le monde comme un lieu de misère et de solitude. elle savait maintenant que les « miracles » étaient tissés dans le quotidien, cachés dans la bonté des gens.

elle retourna voir Théophile. elle lui rendit les lunettes et dit : « merci. je n’en ai plus besoin. j’ai compris que la Présence n’est pas un événement qui arrive, mais l’amour que l’on donne et que l’on reçoit chaque jour. et c’est à moi, maintenant, de devenir l’une de ces petites lumières. »

et c’est ainsi que Léa retrouva l’espérance, en devenant elle-même un indice dans le grand jeu de piste de Dieu sur Terre.

Laisser un commentaire