Mes frères et sœurs, chers amis,

Nous sommes au troisième dimanche de l’Avent, le dimanche dit de Gaudete, qui signifie « Réjouissez-vous ! ». La couleur liturgique rose vient adoucir le violet pour nous rappeler que la joie est déjà là, que la venue du Sauveur est proche.
Pourtant, l’Évangile que nous venons d’entendre nous raconte une histoire surprenante, qui n’a rien de très joyeux au premier abord. Nous voyons Jean-Baptiste, le prophète puissant, celui qui a préparé le chemin, celui qui a désigné Jésus comme l’Agneau de Dieu. Et ce Jean, le voilà en prison, dans l’obscurité, et le doute l’assaille.
Il envoie ses disciples demander à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
C’est une question honnête, humaine, même pour le plus grand des prophètes. Jean s’attendait peut-être à un Messie triomphant, qui jugerait immédiatement le péché et libèrerait Israël par la force. Or, il voit Jésus guérir, enseigner, manger avec les pécheurs, et il se retrouve, lui, à croupir en prison. La réalité ne correspond pas à son attente.
Jésus ne répond pas par un « Oui » ou un « Non » direct. Il renvoie Jean à ses œuvres, aux signes concrets qu’il accomplit :
« Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. »
La preuve que Jésus est bien le Messie n’est pas dans un coup de force spectaculaire ou un jugement terrible, mais dans l’Amour en action. Son règne est là où les plus petits sont relevés, où la misère recule, où la dignité est rendue à ceux qui l’avaient perdue. Les signes du Messie, ce sont les gestes de miséricorde.
Et nous, aujourd’hui ? Où nous reconnaissons-nous dans ce passage ?
Comme Jean, nous pouvons parfois nous sentir dans nos propres « prisons » :
- La Prison du Doute : Nous croyons, mais le monde autour de nous nous fait douter. Devant la guerre, la maladie, l’injustice, ou même simplement les épreuves de notre vie personnelle, nous demandons à Dieu : « Es-tu vraiment là ? Pourquoi cela arrive-t-il ? »
- La Prison de l’Attente Déçue : Nous nous attendons à un Dieu qui résout nos problèmes comme par magie, un Dieu qui devrait faire « mieux » pour que le monde soit plus juste. Et quand rien ne change selon nos désirs, la déception nous gagne.
- La Prison de la Routine : Nous passons l’Avent à courir après les cadeaux, les repas, le stress… Et nous risquons de ne plus voir la venue de Dieu.
Si vous doutez, si vous vous sentez découragé, ce n’est pas un péché. L’Évangile nous montre que même Jean-Baptiste, le plus grand de ceux qui sont nés d’une femme, a connu cela. Le doute est un appel à chercher une preuve plus profonde.
La réponse de Jésus est la même pour nous : Regardez les signes !
Où est le Christ qui vient dans notre monde ?
Dans les gestes simples de Miséricorde : Il est dans le bénévole qui visite la personne âgée isolée (l’aveugle qui retrouve une présence), dans l’association qui lutte pour les sans-abri (les boiteux qui se relèvent), dans l’ami qui écoute ta souffrance sans juger (le sourd qui entend un mot d’espérance).
Dans l’annonce de la Bonne Nouvelle aux Pauvres : Il est dans les communautés et les familles où l’on partage ce que l’on a, non seulement l’argent ou la nourriture, mais l’amour, le temps et le pardon.
Dans ta propre vie : Quand tu as choisi la patience au lieu de la colère, quand tu as tendu la main au lieu de t’enfermer, tu as été un « signe » que le Royaume de Dieu est là.
Frères et sœurs, Jean-Baptiste a préparé le chemin. Maintenant, nous sommes appelés à être les témoins de ce que Jésus accomplit.
Le message du « Gaudete » n’est pas une injonction naïve à sourire, mais une certitude profonde : Jésus est là. Il vient. Son règne est un règne d’amour et de compassion, pas de force.
Alors, en cette semaine, laissons nos doutes et nos peurs se transformer en une attente active. Soyons nous-mêmes un des signes que Jésus a décrits. Regardons autour de nous, trouvons un endroit où la dignité doit être restaurée, et agissons, même par le plus petit des gestes.
Si nous faisons cela, alors nous pourrons vraiment nous réjouir, car nous verrons de nos propres yeux que le Messie est bien celui qui vient, aujourd’hui, pour nous sauver.

Laisser un commentaire