Un appel sans sonnerie

Nous pensons souvent que l’appel de Dieu est un événement spectaculaire : une voix tonitruante dans le ciel, une apparition, ou au moins un message très clair comme un SMS céleste. Nous attendons un « grand Élie » qui arrive en char de feu.

Mais l’Évangile, et toute l’expérience chrétienne, nous montrent le contraire. Dans l’Ancien Testament, le prophète Élie lui-même n’a pas trouvé Dieu dans la tempête, le tremblement de terre ou le feu, mais dans « le murmure d’une brise légère » (1 Rois 19, 11-13).

L’appel de Dieu, c’est ce murmure. Savoir le reconnaître, c’est accepter que Dieu se cache dans le quotidien et le simple.

Comment reconnaître le « murmure » dans notre vie ?

Si Dieu ne nous envoie pas de notification, par où passe-t-il ? Il passe par le concret de nos journées, souvent sous trois formes que l’on a tendance à ignorer :

1. L’appel du « dérangement »

L’appel de Dieu est rarement pratique. C’est souvent ce qui nous dérange et nous sort de notre zone de confort :

  • Dans la vie de famille : Votre conjoint(e) rentre fatigué(e) et a besoin de parler, alors que vous vouliez regarder les infos. L’appel, c’est d’éteindre l’écran et d’écouter.
  • Au travail ou à l’école : Un collègue ou un camarade est en difficulté et vous demande de l’aide, alors que vous êtes pressé(e) par vos propres tâches. L’appel, c’est d’y voir l’occasion de pratiquer la charité et la patience, même si ça coûte du temps.
  • Dans la rue : Voir une personne seule ou un voisin âgé qui a visiblement besoin d’un petit service. L’appel, c’est de ne pas baisser les yeux, mais de s’arrêter et d’offrir son aide.

Dieu nous appelle dans la personne qui est là, devant nous, maintenant.

2. L’appel de la « petite voix »

Nous avons tous, au fond de nous, une conscience, une petite voix intérieure. Pour le chrétien, c’est l’Esprit Saint qui essaie de nous guider vers le chemin de la lumière.

  • Le pardon manqué : Vous êtes en colère contre quelqu’un. La petite voix vous dit : « Envoie-lui un message, pardonne, fais le premier pas. » L’appel, c’est d’agir contre notre fierté, pour la paix.
  • La mauvaise habitude : Vous savez qu’une habitude (les commérages, la paresse, la consommation excessive) n’est pas bonne pour vous ou pour les autres. L’appel, c’est le moment où cette voix vous dit de dire « non » et de choisir la liberté intérieure.

L’appel est toujours là où l’amour et la vérité demandent un petit sacrifice personnel.

3. L’appel du « don »

Dieu nous a donné des talents. Le don d’écouter, d’organiser, de consoler, de chanter, de cuisiner, d’enseigner. Cet appel n’est pas un sacrifice, mais une joie.

  • Votre passion : Aimer chanter ? L’appel est de le faire, non pour votre gloire, mais pour animer une célébration, réconforter un malade ou simplement rendre grâce.
  • Votre compétence : Être bon en informatique ? L’appel est d’aider gratuitement une association ou d’apprendre à un aîné comment utiliser internet.

L’appel de Dieu, c’est d’utiliser ce que nous sommes pour embellir le monde et servir les autres.

Savoir reconnaître l’appel de Dieu ne demande pas une intelligence supérieure, mais un cœur attentif. L’Évangile nous montre que si nous avons manqué le « grand Élie » (Jean le Baptiste), ce n’est pas parce qu’il n’était pas là, mais parce que nous attendions une autre forme de héros.

Aujourd’hui, l’appel de Dieu est présent à travers :

  1. L’ennui qui nous pousse à nous tourner vers l’autre.
  2. L’impulsion d’être plus juste ou plus aimant.
  3. La joie d’utiliser ce que nous avons reçu.

Alors, la seule chose à faire est d’ouvrir les yeux et les oreilles, et de se demander à chaque instant : « Qu’est-ce que l’Amour me demande de faire, ici et maintenant ? »

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