L’Evangile
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? – Seigneur, que je retrouve la vue » (Lc 18, 35-43)

Alléluia. Alléluia.
Moi, je suis la lumière du monde, dit le Seigneur.
Celui qui me suit aura la lumière de la vie.
Alléluia. (Jn 8, 12)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Alors que Jésus approchait de Jéricho,
un aveugle mendiait, assis au bord de la route.
Entendant la foule passer devant lui,
il s’informa de ce qu’il y avait.
On lui apprit que c’était Jésus le Nazaréen qui passait.
Il s’écria :
« Jésus, fils de David, prends pitié de moi ! »
Ceux qui marchaient en tête
le rabrouaient pour le faire taire.
Mais lui criait de plus belle :
« Fils de David, prends pitié de moi ! »
Jésus s’arrêta et il ordonna qu’on le lui amène.
Quand il se fut approché, Jésus lui demanda :
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
Il répondit :
« Seigneur, que je retrouve la vue. »
Et Jésus lui dit :
« Retrouve la vue ! Ta foi t’a sauvé. »
À l’instant même, il retrouva la vue,
et il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu.
Et tout le peuple, voyant cela,
adressa une louange à Dieu.
Sa réflexion
L’épisode de la guérison de l’aveugle de Jéricho (Lc 18, 35-43) offre une réflexion puissante sur notre vie concrète, en pointant du doigt nos propres « cécités » et la manière dont nous pouvons retrouver la « vue » dans notre quotidien.
1. La Cécité : Être « Au Bord du Chemin »
L’aveugle est assis au bord de la route, en train de mendier. Cette image est un miroir de notre condition humaine :
- La marginalisation : Nous sommes parfois, par choix ou par nécessité, assis en marge de notre propre vie ou de la vie des autres. Nous nous sentons impuissants, dépendants, ou simplement passifs, attendant que le monde nous donne quelque chose.
- L’aveuglement spirituel ou moral : Dans notre quotidien, cette cécité n’est pas physique, mais elle est spirituelle, morale ou émotionnelle. Nous sommes souvent aveugles à la souffrance des autres, sourds aux appels qui nous entourent, ou incapables de voir la véritable direction à prendre dans nos vies, restant fixés sur nos peurs ou nos conforts immédiats.
- La foule qui fait obstacle : La foule, dans le récit, tente de faire taire l’aveugle. Dans nos vies, cette « foule » représente toutes les voix qui nous découragent d’appeler à l’aide, de crier nos besoins profonds, ou de chercher une transformation (la peur du jugement, le cynisme, l’indifférence ambiante, ou nos propres auto-limitations).
2. Le Cri : L’Énergie de la Demande Insistante
L’aveugle n’est pas passif lorsqu’il entend que Jésus passe. Il s’écrie : « Jésus, fils de David, prends pitié de moi ! »
- Savoir ce que l’on veut : Son cri est à la fois une reconnaissance de la présence du Sauveur et l’expression d’un besoin absolu : la miséricorde. Dans nos vies concrètes, cela nous invite à une profonde honnêteté : Que voulons-nous vraiment ? Devons-nous crier pour ce qui est essentiel (la paix, la vérité, la guérison intérieure) plutôt que pour ce qui est secondaire ?
- La persévérance : Malgré les remontrances de la foule, il crie « de plus belle ». C’est un appel à la persévérance dans nos quêtes et dans notre prière, à ne pas se laisser intimider par ceux qui nous disent de nous taire ou de nous résigner. La force de notre désir sincère attire l’attention de Jésus, qui s’arrête.
3. La Rencontre : La Liberté de la Demande et le Salut
Jésus s’arrête et pose une question qui semble évidente, mais qui est fondamentale : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
- La liberté de la personne : Jésus ne prend pas les choses en main sans la permission de l’homme. Il nous traite comme des êtres libres, nous demandant de formuler clairement notre désir profond. Dans nos vies, cela signifie que le changement commence par un acte de volonté et une demande explicite de notre part.
- La foi comme moteur : La réponse de Jésus – « Ta foi t’a sauvé » – nous révèle que la guérison n’est pas une simple magie, mais le fruit d’une confiance totale et agissante. Notre foi, c’est ce courage de crier et de se lever. Elle nous « sauve » au sens où elle nous libère de notre état de dépendance et de notre marginalité.
4. L’Après-Guérison : Se Mettre en Marche
Guéri, l’aveugle « suivait Jésus en rendant gloire à Dieu. »
- Le passage de l’immobilité à l’action : L’homme qui était assis et mendiait se retrouve debout et suit Jésus. Pour nous, retrouver la « vue » se traduit concrètement par un changement de direction dans notre vie : quitter une situation de passivité (être assis) pour devenir un disciple actif (suivre), un témoin (rendre gloire à Dieu).
- Rendre Gloire et Inspirer : Sa guérison provoque l’éloge de Dieu par la foule. Nos propres transformations, petites ou grandes, ne sont pas seulement pour nous. Elles sont un signe concret d’espérance qui peut inspirer les autres à reconsidérer leurs propres « cécités » et à se mettre, eux aussi, en marche.

Laisser un commentaire