La question de la justice des hommes est au cœur de toute société. Sans référence religieuse, elle se concentre sur les systèmes que nous avons créés – les lois, les tribunaux, les institutions – pour garantir l’ordre, régler les conflits et, idéalement, assurer l’équité pour tous. Pourtant, dans nos vies quotidiennes, nous sommes souvent confrontés à l’écart douloureux entre cet idéal et la réalité.

Le combat pour la justice est souvent une lutte inégale. L’histoire nous montre que le droit et le pouvoir ne coïncident pas toujours.

  • L’inégalité des moyens : Pour le citoyen moyen, l’accès à la justice peut être un parcours du combattant. L’expertise juridique est chère, les procédures sont longues et complexes. Celui qui manque de ressources financières, d’éducation ou de connexions se retrouve défavorisé face à une institution ou un adversaire puissant (une grande entreprise, l’État). L’équité est compromise dès le départ, car l’issue d’un conflit dépend trop souvent de la capacité à payer pour sa défense.
  • L’indifférence institutionnelle : Les systèmes, par leur nature bureaucratique, tendent à devenir impersonnels et lents. L’attente prolongée est en soi une injustice, car elle épuise le plaignant, le forçant parfois à abandonner sa cause. L’institution, même si elle se veut juste, peut engendrer de l’injustice par sa simple inertie.

Si la justice n’est pas un don, elle doit être une conquête constante. La force du faible réside dans sa persévérance et son union avec d’autres.

  • L’activisme et la pression citoyenne : Historiquement, les plus grandes avancées en matière de droits (civiques, sociaux, environnementaux) ne sont pas venues spontanément des élites au pouvoir, mais de la pression populaire et de la résistance. L’engagement civique — manifester, dénoncer, se syndiquer, voter de manière éclairée — est l’outil essentiel pour contraindre le système à l’équité.
  • Le rôle des sentinelles : La société a besoin d’individus et d’organisations qui refusent le statu quo et s’érigent en défenseurs des droits. Ces « sentinelles » (journalistes d’investigation, ONG, défenseurs des droits humains) maintiennent une surveillance critique sur l’exercice du pouvoir, rappelant sans cesse que la justice est un impératif éthique, pas une option politique.

L’idéal d’un État de droit laïque est que chaque individu soit traité devant la loi en tant que citoyen égal, et non en fonction de sa catégorie sociale.

Pour tendre vers cet idéal, nous devons insister sur :

  • La transparence : Rendre les lois, les décisions et les procédures claires et accessibles à tous, sans jargon.
  • L’accès universel : Garantir que l’aide juridique ne soit pas un pis-aller, mais un moyen réel d’assurer une défense de qualité pour les plus démunis.
  • La déontologie : Exiger des magistrats, des avocats et des fonctionnaires un niveau élevé d’intégrité et une éthique de l’impartialité, sans laquelle toute justice s’effondre.

En conclusion, la justice des hommes n’est jamais acquise. Elle est un pari que nous faisons sur notre propre capacité à organiser la société de manière éthique. C’est à nous, citoyens, de maintenir la pression, l’exigence et la vigilance pour que l’équité ne reste pas une illusion, mais devienne une réalité palpable et effective.

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