La parabole de la veuve et du juge (Lc 18, 1-8) met en lumière un thème qui peut être source de grande angoisse ou d’une profonde espérance dans nos vies : la Justice de Dieu. Comment la comprendre et la vivre lorsque le mal, l’injustice et la souffrance semblent triompher?

Dans nos sociétés modernes, nous sommes habitués à l’immédiateté. Nous envoyons un message et attendons une réponse instantanée. Or, la justice humaine est souvent lente, voire défaillante. Quand nous crions vers Dieu face à une maladie, à l’iniquité sociale ou à une épreuve personnelle, et que rien ne semble bouger, nous sommes tentés par le découragement.
- Le contraste divin : La veuve nous apprend que la justice peut exiger une patience active. Le juge inique représente l’inertie, la froideur et l’absence d’empathie. L’immense consolation de l’Évangile est que Dieu n’est pas ce juge. Il est un Père qui nous écoute et qui désire ardemment nous faire justice.
- Le temps de la foi : Si Dieu « tarde », ce n’est pas par indifférence, mais parce que son œuvre de justice est plus profonde que la simple résolution d’un problème. Elle vise la transformation des cœurs et le salut final. L’attente est alors un temps où notre foi est mise à l’épreuve, nous demandant de passer d’une relation de transaction à une relation de confiance absolue.
La veuve ne se décourage pas car elle a une certitude simple : la justice est son droit, et elle finira par l’obtenir. Transposé dans nos vies, c’est l’essence même de la prière :
- Prier, c’est agir : La prière n’est pas une supplique passive, mais un acte de résistance spirituelle. C’est refuser de donner le dernier mot au mal, à la maladie, à l’échec ou au désespoir. Comme la veuve, nous « cassons la tête » au juge, non pas à Dieu, mais aux forces qui nous poussent au renoncement.
- La Justice comme Présence : La justice de Dieu n’est pas seulement un événement futur (le retour du Christ ou la Parousie), mais une réalité présente. Chaque fois que nous choisissons l’amour, le pardon, la solidarité, nous permettons à la justice du Royaume de Dieu de surgir dans le « bien vite » de notre quotidien. Dieu fait déjà justice à ses élus en étant avec eux dans l’épreuve.
La question finale de Jésus nous renvoie à notre responsabilité : « Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »
La véritable Justice de Dieu est indissociable de la foi persévérante. Croire en la justice, c’est :
- Prier sans jamais lâcher : Même lorsque la situation semble figée, continuer de crier vers Dieu, comme la veuve.
- Être artisan de justice : Ne pas attendre passivement que Dieu fasse tout, mais agir pour la justice dans notre propre sphère d’influence (au travail, en famille, dans nos engagements). Nous sommes appelés à être les mains de Dieu sur Terre.
- Garder l’Espérance : Malgré les détours et les souffrances, maintenir la conviction que, in fine, l’Amour et la Vérité auront le dernier mot. La justice est la victoire de Dieu sur le chaos.
En conclusion, la justice de Dieu est une promesse qui se nourrit de notre persévérance. Notre vie est le témoignage vivant que nous croyons ou non à cette promesse. La veuve nous invite à transformer notre attente en une foi incassable, car si elle, par son insistance, a pu fléchir un juge corrompu, notre prière ne manquera jamais d’atteindre le cœur de notre Père aimant et juste.

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