L’Evangile
« Si sept fois par jour ton frère revient à toi en disant : “Je me repens”, tu lui pardonneras » (Lc 17, 1-6)

Alléluia. Alléluia.
Vous brillez comme des astres dans l’univers
en tenant ferme la parole de vie.
Alléluia. (Ph 2, 15d.16a)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Il est inévitable que surviennent des scandales,
des occasions de chute ;
mais malheureux celui par qui cela arrive !
Il vaut mieux qu’on lui attache au cou une meule en pierre
et qu’on le précipite à la mer,
plutôt qu’il ne soit une occasion de chute
pour un seul des petits que voilà.
Prenez garde à vous-mêmes !
Si ton frère a commis un péché,
fais-lui de vifs reproches,
et, s’il se repent, pardonne-lui.
Même si sept fois par jour il commet un péché contre toi,
et que sept fois de suite il revienne à toi
en disant : “Je me repens”,
tu lui pardonneras. »
Les Apôtres dirent au Seigneur :
« Augmente en nous la foi ! »
Le Seigneur répondit :
« Si vous aviez de la foi,
gros comme une graine de moutarde,
vous auriez dit à l’arbre que voici :
“Déracine-toi et va te planter dans la mer”,
et il vous aurait obéi. »
Sa réflexion
Cet extrait de l’Évangile selon Saint Luc est dense, abordant trois thèmes fondamentaux de la vie chrétienne : le scandale, le pardon et la foi.
1. Le Scandale : La Responsabilité de l’Exemple
Jésus commence par un avertissement d’une sévérité saisissante : le scandale (skandalon, occasion de chute) est inévitable, mais malheur à celui par qui il arrive.
- L’impact sur les « petits » : L’image de la meule attachée au cou souligne la gravité d’être une occasion de chute pour ceux qui sont les plus vulnérables dans la foi. Ces « petits » peuvent être les humbles, les simples, mais aussi ceux qui sont encore fragiles dans leur cheminement.
- Méditation : Ce passage nous interpelle sur notre responsabilité d’être un bon exemple. Nos actions, nos paroles, nos jugements peuvent-ils ébranler la foi d’un autre ? Non seulement nous sommes responsables de notre propre vie spirituelle, mais nous le sommes aussi de l’impact que nous avons sur la foi de notre entourage. Un comportement chrétien authentique est une source de lumière, tandis que l’hypocrisie ou la méchanceté est une pierre d’achoppement.
2. Le Pardon : Une Exigence Sans Limite
Jésus passe ensuite à une règle pour la vie communautaire : la correction fraternelle et le pardon illimité.
- Correction et Repentance : Il faut d’abord réprimander le frère qui a péché, mais le pardon doit suivre immédiatement sa repentance. Il ne s’agit pas de juger pour condamner, mais d’aimer suffisamment pour appeler au changement.
- La Formule du « Sept Fois » : Pardonner sept fois dans un jour si le frère revient en disant : « Je me repens », est une hyperbole qui signifie un pardon sans condition ni limite. Le nombre sept symbolise la plénitude, l’achèvement, le « tout ». Le pardon est une posture de l’âme qui doit imiter Dieu, qui pardonne sans compter.
- Réflexion : Sommes-nous capables d’un tel pardon ? Notre nature humaine cherche à retenir le tort subi, à exiger réparation, à entretenir l’amertume. Jésus nous révèle que la vie du Royaume est ailleurs : elle est dans le cœur qui se donne sans se lasser, car il a lui-même été pardonné infiniment par Dieu. Le pardon n’est pas l’oubli, mais l’acte de libérer l’autre et, par conséquent, se libérer soi-même de l’emprise du mal.
3. La Foi : Le Moteur de l’Impossible
Face à l’exigence du pardon illimité, la réponse des Apôtres est humaine et pleine d’humilité : « Augmente en nous la foi ! » Ils sentent qu’une telle exigence dépasse leurs forces naturelles.
- La Foi comme Graine de Moutarde : La réponse de Jésus est inattendue : il ne s’agit pas d’avoir plus de foi, mais d’avoir une foi authentique, même petite comme un grain de sénevé (la plus petite des graines).
- L’Efficacité de la Foi : Une foi véritable, même minuscule, a le pouvoir de réaliser l’impossible (« Déracine-toi et va te planter dans la mer »). Le pardon illimité est de cet ordre : il est humainement impossible, mais devient réalisable par la force de la foi.
- Méditation : La foi n’est pas un sentiment ou une adhésion intellectuelle ; c’est une force agissante qui déplace les montagnes (ici un arbre, symbole de nos résistances). C’est la confiance totale en Dieu qui nous rend capable d’accomplir ce qu’Il nous demande, notamment de pardonner l’impardonnable et de vivre en responsabilité vis-à-vis des autres. Les Apôtres ont eu la juste réaction : l’impossibilité de la tâche ne doit pas nous décourager, mais nous renvoyer à l’unique source de la force, c’est-à-dire la foi en Dieu.
En conclusion : Lc 17, 1-6 est un appel à une vie radicale : une vigilance extrême pour ne pas faire chuter, un pardon inépuisable, et la reconnaissance humble que tout cela n’est possible qu’en se tournant vers le Christ avec la foi, même si elle est petite.
Une question pour prolonger la prière : Face à quelle personne ou situation me sens-je incapable de pardonner, et puis-je demander au Seigneur de déplacer cet « arbre » par la force de ma foi, même si elle n’est qu’un grain de sénevé ?

Laisser un commentaire