L’Evangile
« Il parlait du sanctuaire de son corps » (Jn 2, 13-22)

Alléluia. Alléluia.
J’ai choisi et consacré cette Maison, dit le Seigneur,
afin que mon Nom y soit à jamais.
Alléluia. (2 Ch 7, 16)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Comme la Pâque juive était proche,
Jésus monta à Jérusalem.
Dans le Temple, il trouva installés
les marchands de bœufs, de brebis et de colombes,
et les changeurs.
Il fit un fouet avec des cordes,
et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ;
il jeta par terre la monnaie des changeurs,
renversa leurs comptoirs,
et dit aux marchands de colombes :
« Enlevez cela d’ici.
Cessez de faire de la maison de mon Père
une maison de commerce. »
Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit :
L’amour de ta maison fera mon tourment.
Des Juifs l’interpellèrent :
« Quel signe peux-tu nous donner
pour agir ainsi ? »
Jésus leur répondit :
« Détruisez ce sanctuaire,
et en trois jours je le relèverai. »
Les Juifs lui répliquèrent :
« Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire,
et toi, en trois jours tu le relèverais ! »
Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.
Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts,
ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ;
ils crurent à l’Écriture
et à la parole que Jésus avait dite.
Sa réflexion
Le passage de Jean 2, 13-22 présente un moment fort et marquant du ministère de Jésus : la purification du Temple de Jérusalem. Cette action, empreinte d’un zèle ardent, et la parole énigmatique qui l’accompagne, nous offrent de profondes pistes de réflexion
Le Zèle de la Maison de Dieu et la Juste Colère
Jésus, voyant le Temple — lieu de prière, de rencontre entre Dieu et son peuple — transformé en un lieu de commerce et de lucre, est pris d’une colère sainte. L’expression de son indignation (« Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce. » v. 16) rappelle le psaume : « L’amour de ta maison fera mon tourment. » (v. 17).
- Réflexion personnelle : Ce zèle nous interpelle sur notre propre rapport au sacré. Qu’est-ce qui « encombre » le temple de notre cœur ? Quelles sont les formes de « trafic » (égoïsme, ambition, préoccupations matérielles excessives) qui nous empêchent de vivre une relation authentique avec Dieu ? Le geste de Jésus est une invitation à une purification intérieure radicale, à rétablir la priorité de la prière et de l’adoration.
Le Temple Nouveau : Le Corps du Christ
Lorsque les Juifs demandent à Jésus quel signe il leur donnera pour justifier son autorité, sa réponse est surprenante : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » (v. 19).
- Révélation prophétique : Les disciples, après la Résurrection, comprendront que Jésus parlait du sanctuaire de son propre Corps (v. 21). Le Temple de pierre n’est plus le lieu ultime de la présence de Dieu ; il est dépassé. Le vrai lieu de la rencontre, du sacrifice et de l’Alliance est désormais Jésus-Christ lui-même, dans son Corps livré et ressuscité.
- Méditation : Cette parole annonce le mystère pascal. La mort et la Résurrection du Christ constituent le nouveau culte en « esprit et vérité ». L’Église, Corps du Christ, devient la maison de Dieu bâtie de « pierres vivantes » que nous sommes par le baptême. La présence de Dieu n’est plus liée à un lieu géographique, mais à la personne de Jésus et, par l’Esprit Saint, à la communauté des croyants et à chaque chrétien.
La Foi et la Mémoire des Disciples
Le récit souligne que les disciples ne comprennent pleinement la parole de Jésus qu’après sa Résurrection : « Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite. » (v. 22).
- Patience et lumière de l’Esprit : La foi est un chemin progressif. Certaines paroles du Christ ne s’éclairent qu’à la lumière de l’événement central de la Résurrection et de l’Esprit Saint. Cela nous apprend l’humilité face au mystère et l’importance de la mémoire spirituelle (la anamnesis).
- Piste de Prière : Prions pour que l’Esprit Saint nous donne de « nous souvenir » des paroles du Christ (cf. Jn 14, 26) afin qu’elles deviennent pour nous source de foi agissante et de purification. Demandons la grâce de reconnaître le Christ, le véritable Temple, présent dans l’Eucharistie, dans sa Parole, et dans nos frères et sœurs.
En conclusion, ce passage est un appel à la sainteté du lieu sacré (que ce soit une église, ou notre âme) et une profonde révélation sur la nature du nouveau Temple, qui est le Christ ressuscité.

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