L’Evangile
« Va sur les routes et dans les sentiers, et fais entrer les gens de force, afin que ma maison soit remplie » (Lc 14, 15-24)

Alléluia. Alléluia.
Venez à moi, vous tous qui peinez
sous le poids du fardeau, dit le Seigneur,
et moi, je vous procurerai le repos.
Alléluia. (Mt 11, 28)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
au cours du repas chez un chef des pharisiens,
en entendant parler Jésus, un des convives lui dit :
« Heureux celui qui participera au repas
dans le royaume de Dieu ! »
Jésus lui dit :
« Un homme donnait un grand dîner,
et il avait invité beaucoup de monde.
À l’heure du dîner, il envoya son serviteur
dire aux invités :
“Venez, tout est prêt.”
Mais ils se mirent tous, unanimement, à s’excuser.
Le premier lui dit :
“J’ai acheté un champ,
et je suis obligé d’aller le voir ;
je t’en prie, excuse-moi.”
Un autre dit :
“J’ai acheté cinq paires de bœufs,
et je pars les essayer ;
je t’en prie, excuse-moi.”
Un troisième dit :
“Je viens de me marier,
et c’est pourquoi je ne peux pas venir.”
De retour,
le serviteur rapporta ces paroles à son maître.
Alors, pris de colère,
le maître de maison dit à son serviteur :
“Dépêche-toi d’aller sur les places
et dans les rues de la ville ;
les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux,
amène-les ici.”
Le serviteur revint lui dire :
“Maître, ce que tu as ordonné est exécuté,
et il reste encore de la place.”
Le maître dit alors au serviteur :
“Va sur les routes et dans les sentiers,
et fais entrer les gens de force,
afin que ma maison soit remplie.
Car, je vous le dis,
aucun de ces hommes qui avaient été invités
ne goûtera de mon dîner.” »
Sa réflexion
La parabole expose la dynamique surprenante et exigeante de l’invitation au Royaume de Dieu.
Le maître de maison (Dieu) organise un grand festin, symbole de la joie et de la plénitude du Royaume. Les premiers invités, ceux qui s’attendaient naturellement à être là (souvent interprétés comme le peuple d’Israël ou les chefs religieux de l’époque, mais aussi nous par extension), refusent de venir avec des excuses triviales :
- J’ai acheté un champ, il faut que j’aille le voir (soucis matériels et possessions).
- J’ai acheté des bœufs, il faut que j’aille les essayer (travail et affaires).
- Je viens de me marier, je ne peux pas venir (liens affectifs et familiaux).
Ces excuses ne sont pas malhonnêtes en soi, mais elles révèlent une priorité déplacée. Elles montrent comment les préoccupations terrestres – le travail, les biens, la famille – peuvent facilement devenir des obstacles au lieu d’être vécues dans l’attente du Royaume. Les invités ne rejettent pas l’invitation avec colère, mais avec une apathie polie, considérant le festin comme secondaire par rapport à leur vie quotidienne.
Face à ce refus, la colère du maître (sa sainte indignation) conduit à un changement radical de destinataires. L’invitation est étendue à ceux que l’on attend le moins : les pauvres, les estropiés, les aveugles, et les boiteux (les marginaux de la ville), puis même ceux qui sont sur les chemins et le long des haies (les exclus, les païens, les sans-abris, ceux qui sont à l’extérieur du cercle social et religieux).
Cette seconde vague d’invitations souligne deux vérités fondamentales :
- Le salut est universel : La grâce de Dieu n’est pas limitée à un groupe sélectionné ; elle est offerte à tous, en particulier aux plus humbles et aux plus démunis.
- Le Royaume est une table ouverte : Ceux qui se croyaient indignes ou exclus sont les bienvenus. L’entrée ne dépend pas du mérite, du statut social ou de la richesse, mais de l’acceptation de l’invitation gratuite.
La conclusion est sans appel : « aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon festin. » C’est un avertissement solennel sur le danger de la procrastination spirituelle et de l’autosatisfaction.
Méditation : Répondre à l’Invitation
Questionnement Personnel
- Qu’est-ce qui m’occupe tellement ? Quels sont mes « champs et mes bœufs » ? Qu’est-ce qui, dans ma vie de tous les jours, m’empêche de répondre pleinement à l’appel de Dieu ? Est-ce la recherche de la sécurité matérielle, le succès professionnel, ou un confort personnel excessif ?
- Quelle est la place du Royaume ? Est-ce que l’invitation à la communion avec Dieu est une priorité ou simplement une option pour quand j’aurai du temps ? Si je devais refaire mon agenda, quel temps (pour la prière, le service, la communauté) prouverait que le festin du Maître est ma joie suprême ?
- Mon cœur est-il grand ? L’invitation est sortie de la ville, vers les exclus. Qui sont les « pauvres, les estropiés, les aveugles, et les boiteux » de mon entourage, ceux que la société ou même l’Église tend à oublier ? Comment puis-je les aider à se sentir accueillis au festin de l’amour de Dieu, même aujourd’hui, dans le service et la miséricorde ?
Prière
Seigneur, je te remercie pour l’invitation inconditionnelle à la joie de ton Royaume. Pardon pour les fois où je suis pris par les banalités du quotidien, où je permets à mes soucis matériels ou à mes liens affectifs de prendre la première place que tu mérites.
Éloigne de moi l’apathie des premiers invités. Donne-moi le courage de me détacher de ce qui m’encombre et de dire un « Oui » sans réserve à ton appel. Ouvre mes yeux et mon cœur pour que je reconnaisse les vrais invités de ton festin – les humbles, les exclus, les oubliés – et que je me fasse ton serviteur pour les conduire, avec amour et persévérance, à la table où il y a toujours de la place.
Que ton Royaume soit ma seule et véritable priorité. Amen.

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