Le Pharisien de l’Ère Numérique

Dans la culture de la performance et de la mise en scène sociale de 2025, nous sommes tous tentés de devenir le « Pharisien » de la parabole, sans avoir besoin de monter au Temple. Le Pharisien d’aujourd’hui s’appelle l’Auto-Justifié.
Il existe dans l’espace numérique, sur les réseaux sociaux, dans les réunions de famille et les débats publics. C’est celui qui, subtilement ou ouvertement, construit sa valeur personnelle non sur son intégrité intrinsèque, mais sur la dénigrement comparatif et l’étalage de ses réussites ou de sa vertu.
Exemple 1 : L’Écologie Moralisatrice. L’Auto-Justifié publie le bilan carbone de ses vacances en train, insiste sur son régime végane local, et le fait en ajoutant un sous-texte clair : « Je ne suis pas comme ces autres qui prennent l’avion pour un week-end et mangent de la viande industrielle. » Sa satisfaction ne vient pas seulement du bien qu’il fait, mais de l’infériorité morale qu’il projette sur ceux qui n’atteignent pas son standard. Il utilise la bonne action comme un podium, et non comme un simple geste de responsabilité.
Exemple 2 : Le Manager Performant et Jugeant. Dans le monde du travail, il est celui qui rappelle ses heures supplémentaires, la perfection de ses livrables et le manque d’engagement ou « l’incompétence » des autres. Sa prière intérieure est un self-talk constant : « Je suis le pilier de cette entreprise. Je suis organisé, rigoureux, je gagne bien ma vie. Je ne suis pas comme ces collègues peu productifs ou ces « gens qui profitent du système ». » Sa performance devient une arme, et non un outil de collaboration.
Le Publicain : Le Courage de la Vulnérabilité
En face de cette figure de l’auto-justification se dresse le « Publicain » moderne : l’Authentique.
L’Authentique n’a pas besoin de faire le show. Il se tient « à distance » de la nécessité de plaire ou d’être parfait. Il ne nie pas ses efforts ou ses réussites, mais il ne les utilise pas pour juger ou dominer autrui.
Sa force est sa vulnérabilité. Il sait admettre une erreur lors d’un projet sans chercher à blâmer les circonstances ou les collègues. Il ose dire : « J’ai échoué, j’ai besoin d’aide, ou je suis désolé. » Ce n’est pas un aveu de faiblesse, mais un acte de puissance.
Dans la vie personnelle, il ne masque pas ses moments de doute, ses difficultés financières ou ses imperfections. Il refuse la course épuisante à la « vie parfaite » sur Instagram. Sa « prière » – son cri intérieur – n’est pas : « Regardez ce que j’ai fait, » mais : « J’ai besoin de me sentir simplement bien/aimé/serein. »

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