L’Evangile

« Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel ; mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? » (Lc 12, 54-59)

Alléluia. Alléluia.
Tu es béni, Père,
Seigneur du ciel et de la terre,
tu as révélé aux tout-petits
les mystères du Royaume !
Alléluia. (cf. Mt 11, 25)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    Jésus disait aux foules :
« Quand vous voyez un nuage monter au couchant,
vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir,
et c’est ce qui arrive.
    Et quand vous voyez souffler le vent du sud,
vous dites qu’il fera une chaleur torride,
et cela arrive.
    Hypocrites !
Vous savez interpréter
l’aspect de la terre et du ciel ;
mais ce moment-ci,
pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ?
    Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes
ce qui est juste ?
    Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat,
pendant que tu es en chemin
mets tout en œuvre pour t’arranger avec lui,
afin d’éviter qu’il ne te traîne devant le juge,
que le juge ne te livre à l’huissier,
et que l’huissier ne te jette en prison.
    Je te le dis :
tu n’en sortiras pas
avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime. »

Sa réflexion

Savoir lire le temps présent

Jésus commence par nous rappeler une évidence : nous sommes doués pour lire les signes qui touchent à notre quotidien. Quand on voit un nuage à l’ouest, on sait qu’il va pleuvoir. Quand le vent du sud souffle, on sent la chaleur arriver. Nous sommes de bons météorologues de la vie de tous les jours.

Mais alors, pourquoi sommes-nous si lents, si « hypocrites » dit Jésus, quand il s’agit de discerner le temps présent ? Le « temps présent » (ce « moment-ci ») n’est pas seulement le jour et la nuit, c’est l’époque où Dieu agit, où le Royaume est tout proche avec la venue de Jésus.

Jésus nous demande : Pourquoi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste ? C’est un reproche qui pique : notre intelligence, si vive pour prédire la pluie, est paresseuse pour voir la main de Dieu ou pour choisir le bien. Nous savons interpréter la nature, mais nous échouons à interpréter la vie et ce qui est moralement droit.

La deuxième partie de l’Évangile, sur l’adversaire et le magistrat, illustre l’urgence. Elle nous dit : avant qu’il ne soit trop tard, réglez vos comptes ! Si nous sommes en conflit avec quelqu’un ou si nous avons une dette (matérielle ou morale, comme une injustice commise), il faut s’arranger tant qu’on est « en chemin ». Une fois devant le juge (ou face à Dieu, ou face aux conséquences inévitables), il sera trop tard et la rigueur de la loi s’appliquera : on paiera « jusqu’au dernier centime ».

Méditation : L’urgence du règlement

Cet Évangile me parle de l’urgence de la conversion et de la justice.

  1. Regarder au-delà de l’immédiat : Ai-je les yeux ouverts sur les vrais signes ? Non pas les signes spectaculaires dans le ciel, mais les signes humbles de la présence de Dieu dans ma vie et dans le monde : un geste de pardon, un appel à l’aide, une injustice criante. Est-ce que je me contente de m’occuper de mes petites affaires sans voir que Dieu est à l’œuvre ici et maintenant ? La lucidité que Jésus demande, c’est de voir Dieu et de voir l’autre.
  2. L’appel à l’autonomie morale : « Pourquoi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste ? » Jésus m’invite à ne pas attendre que quelqu’un (une loi, une autorité, une religion) me dise ce qui est bien. J’ai une conscience, un cœur : je peux discerner par moi-même ce que l’amour et l’équité demandent. C’est une responsabilité.
  3. S’arranger pendant qu’il est temps : Le passage sur l’adversaire est un avertissement sévère. La prison et la dette totale sont l’image d’une situation irréversible. L’Évangile m’appelle à régler mes conflits et mes péchés maintenant. Je ne dois pas laisser traîner les rancunes, les injustices ou les blessures que j’ai causées. Il est plus sage de chercher la réconciliation et le pardon avant que les conséquences ne soient définitives. C’est le chemin de la miséricorde proactive. Je dois prendre l’initiative de la paix, non par peur de la punition, mais par amour de la justice et par sagesse.

En pratique : L’Évangile me pousse à faire le point :

  • Quels sont les « nuages » et les « vents » de mon temps (les besoins du monde, les appels à la charité, les moments de grâce) que je choisis d’ignorer ?
  • Quels « adversaires » ai-je (des personnes avec qui je suis en froid, des vieilles rancunes, des habitudes de péché) avec qui je dois m’arranger sans tarder ?

Il n’y a pas de temps à perdre : la sagesse n’est pas seulement de comprendre le monde, mais de bien agir en reconnaissant l’urgence du Royaume et l’exigence de la justice. 🙏

Laisser un commentaire