Il était une fois, dans un petit village perché sur une colline, un endroit étrange où tout le monde parlait… tout le temps.
Du matin au soir, les gens commentaient, débattirent, criaient, riaient, discutaient, se contredisaient.
Les mots volaient dans les rues comme des oiseaux affolés.
Mais un jour, quelqu’un remarqua quelque chose d’inquiétant : plus personne n’écoutait

Un vieil homme nommé Elias vivait à la lisière du village. On disait qu’il parlait peu, presque jamais.
Les enfants le croyaient sourd, les adultes le jugeaient étrange.
Mais un matin, une rumeur se répandit :
“Le vent s’est arrêté de souffler.”
Et c’était vrai. Les moulins ne tournaient plus, les arbres restaient immobiles, et les draps séchaient à peine sur les cordes.
Le silence, un vrai silence, s’installa sur le village.
Alors, pour la première fois, les habitants se turent.
Ce silence les rendait nerveux.
Ils se sentaient nus sans le bruit.
Ils essayaient de parler plus fort, mais leurs voix semblaient se perdre dans le vide.
Alors, ils allèrent voir Elias, celui qu’on croyait sourd.
— Toi qui vis seul, dis-nous, où est passé le vent ?
— Peut-être qu’il est fatigué, répondit le vieil homme calmement.
— Fatigué ? Fatigué de quoi ?
— De vos voix qui ne s’écoutent plus. Le vent aime se poser dans les cœurs attentifs. Quand tout le monde parle, il ne trouve plus où aller.
Les villageois restèrent silencieux. Pour la première fois, ils entendaient vraiment quelqu’un parler.
Elias leur proposa un défi :
“Pendant un jour, ne parlez pas. Écoutez. Écoutez le pas de votre voisin, le rire d’un enfant, le cri d’un oiseau. Écoutez sans répondre.”
Ce fut difficile. Certains avaient l’impression d’étouffer.
Mais peu à peu, ils commencèrent à percevoir des choses oubliées :
le bruit de la rivière, le battement de leur propre cœur, les respirations des autres.
Et dans ce silence, ils se comprirent mieux, sans même un mot.
Le soir venu, une brise légère se leva. Le vent était revenu.
Les habitants remercièrent le vieil homme.
Il sourit et dit simplement :
“Le vent n’avait pas disparu. Il attendait que vous fassiez place au silence.
Quand on se tait, on laisse le monde nous parler.”
Depuis ce jour, le village ne fut plus le même.
On y parlait toujours, bien sûr, mais on y écoutait aussi.
Et dans le murmure du vent, chacun entendait parfois quelque chose d’essentiel :
le souffle de la vie, celui qu’on n’entend que quand on sait se taire.
✨ Morale :
Celui qui parle apprend peu.
Celui qui écoute découvre tout.
Car l’écoute n’est pas une absence de mots, mais la présence du cœur.

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