Il était une fois, dans un petit village au bord d’une rivière, deux sœurs très différentes.
L’aînée, Éline, avait toujours les mains occupées. Du matin au soir, elle rangeait, cuisinait, organisait, vérifiait que tout était à sa place. Elle aimait que les choses soient bien faites, et croyait que le bonheur se construisait dans l’efficacité.

Sa cadette, Alia, était d’un autre tempérament. Elle aimait s’asseoir à l’ombre d’un arbre, écouter le chant du vent, partager de longues conversations avec les visiteurs de passage. Elle croyait que le bonheur se trouvait dans la qualité des liens, dans l’attention portée à l’instant.
Un jour, un voyageur entra dans leur maison. Il était fatigué par la route et cherchait un peu de repos.
Éline, aussitôt, se mit en action : elle alluma le feu, chercha de l’eau, pétrit du pain. Mais plus elle s’activait, plus elle s’agaçait de voir sa sœur simplement assise, attentive aux paroles du voyageur.
— « Ne vois-tu pas que je travaille seule ? » s’exclama-t-elle, irritée.
Mais le voyageur lui répondit doucement :
— « Tu te donnes beaucoup de peine, Éline, et c’est précieux. Mais regarde : ta sœur a choisi de m’écouter. Ce n’est pas du temps perdu. C’est peut-être même le plus beau cadeau que l’on puisse offrir. »
Éline s’arrêta alors un instant. Elle posa la jarre d’eau qu’elle portait et observa. Pour la première fois, elle remarqua la lumière dans les yeux du voyageur, et la profondeur dans le silence qui suivait ses paroles. Elle comprit que le service de ses mains avait de la valeur, mais que l’écoute du cœur en avait aussi.
Depuis ce jour-là, les deux sœurs apprirent à s’équilibrer : Éline continua d’agir, mais elle sut parfois s’asseoir ; Alia continua d’écouter, mais elle apprit aussi à se lever pour aider. Et leur maison devint un lieu de paix, où chaque visiteur trouvait à la fois la chaleur d’un repas et la douceur d’une présence.
🌟 Morale du conte
Le bonheur ne réside pas seulement dans ce que nous faisons, ni seulement dans ce que nous écoutons. Il naît de l’équilibre entre l’action et l’attention, entre le faire et l’être. Celui qui court sans s’arrêter s’épuise ; celui qui s’arrête sans jamais agir s’endort. Mais celui qui sait conjuguer les deux trouve la véritable richesse de la vie.

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