La question « Qui est mon prochain ? » semble simple, mais elle touche au cœur de notre manière de vivre ensemble. Elle interroge notre rapport aux autres : suis-je enfermé dans mon cercle de proches, ou suis-je capable d’élargir mon horizon à des personnes que je ne connais pas, qui sont différentes de moi, parfois même que je n’aime pas spontanément ?

Dans notre société moderne, nous avons tendance à nous protéger derrière des frontières visibles ou invisibles : ma famille, mes amis, mon quartier, mon pays, mon réseau social. Tout ce qui sort de ce cadre paraît souvent lointain, étranger, ou secondaire. Pourtant, chaque jour, nous croisons des visages qui nous rappellent que l’humanité est une immense communauté : un inconnu dans le métro, un réfugié qui frappe à la porte de l’Europe, un voisin âgé isolé, une personne sans-abri à l’angle d’une rue.
« Qui est mon prochain ? » devient alors une question éthique et philosophique : jusqu’où suis-je responsable de l’autre ? Suis-je libre d’ignorer sa souffrance au nom de mes affaires personnelles ?
Les crises de notre temps – climatiques, sociales, migratoires – montrent que nous sommes plus liés que nous ne le croyons. Le sort d’un travailleur exploité à l’autre bout du monde influence les produits que nous consommons. La détresse d’un migrant qui traverse la Méditerranée interroge nos choix politiques et notre humanité collective. L’isolement d’un voisin révèle la fragilité de notre tissu social.
La philosophie humaniste nous invite à élargir notre cercle de considération morale. Mon « prochain » n’est pas seulement celui qui me ressemble ou qui m’est proche par le sang : c’est aussi celui qui est vulnérable, celui qui attend un geste de solidarité, celui que je pourrais facilement ignorer mais que ma conscience m’invite à reconnaître comme un frère en humanité.
Dans la vie quotidienne, cette question se traduit par de petites décisions :
- vais-je détourner le regard devant quelqu’un en difficulté, ou prendre le temps de lui accorder un sourire, un mot, un geste ?
- vais-je rester indifférent aux injustices qui ne me touchent pas directement, ou accepter d’agir, même modestement ?
- vais-je enfermer mon cœur dans la peur de l’autre, ou oser croire que la rencontre enrichit toujours ?
Au fond, « qui est mon prochain ? » n’est pas une question théorique mais un choix existentiel : veux-je vivre dans l’indifférence ou dans la solidarité ?

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