Dans un village niché au pied d’une montagne, il y avait un vieil homme nommé Élias. Sa maison était la seule de la vallée à n’avoir aucune lumière. La nuit, le village s’illuminait de mille feux, mais Élias vivait dans le noir, convaincu qu’il ne pouvait rien faire face à l’immensité de l’obscurité.

Un jour, une grande tempête s’abattit sur la vallée. Des arbres tombèrent, des rivières débordèrent et l’électricité fut coupée. Le village, si fier de ses lumières, fut plongé dans le noir le plus total. Le silence devint pesant, et la peur s’insinua dans les cœurs. Les villageois restaient chez eux, impuissants, attendant que la lumière revienne par elle-même.

Élias, assis dans sa maison sans lumière, ressentit pour la première fois non pas l’impuissance, mais une étrange clarté intérieure. Il se souvint d’une vieille lanterne que son grand-père lui avait laissée, cachée au fond d’un coffre. Il l’ouvrit, en sortit la lampe, et avec une main qui tremblait, l’alluma.

La flamme vacilla un instant, mais se tint droite. La petite lumière, si insignifiante dans l’immensité de la nuit, éclaira un coin de la pièce. Élias, alors, eut une pensée. Il sortit de chez lui, sa petite lampe à la main, et se dirigea vers la place du village.

Le premier à le voir fut un jeune garçon, qui courut le rejoindre avec sa propre lampe éteinte. « Comment as-tu fait ? » demanda-t-il, émerveillé. Élias prit sa lampe, et avec la sienne, alluma celle du garçon.

La première étincelle d’engagement avait eu lieu. Une flamme qui se multiplie ne perd rien, elle gagne.

Le garçon, sa lampe allumée, courut à son tour vers une maison voisine et alluma une autre lampe. Puis une autre. Et une autre. Très vite, un fil de lumière se dessina à travers la rue principale. Les villageois, voyant ces points de lumière se multiplier, sortirent de leurs maisons, leurs lampes à la main.

En moins d’une heure, la place du village était illuminée, non pas par une seule lumière puissante, mais par la multitude de toutes ces petites flammes. Leurs visages, jusque-là sombres, étaient éclairés par le reflet de leur propre courage.

Ils comprirent que la vraie lumière n’est pas celle qui vient d’en haut, mais celle qui vient de nous, et qui se partage. La tempête continua de faire rage, mais le village n’avait plus peur. Car ensemble, ils avaient créé une lumière plus forte que n’importe quelle obscurité.

Élias, au milieu de tous, souriait. Il avait passé sa vie à craindre le noir, et ce n’est qu’en s’engageant, en allumant sa propre petite lampe, qu’il avait découvert qu’il n’était jamais seul. Le bienfait de son engagement ne fut pas seulement de retrouver la lumière, mais de la créer avec les autres.

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