L’Evangile
« Ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour » (Lc 7, 36-50)

Alléluia. Alléluia.
Venez à moi, vous tous qui peinez
sous le poids du fardeau, dit le Seigneur,
et moi, je vous procurerai le repos.
Alléluia. (Mt 11, 28)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui.
Jésus entra chez lui et prit place à table.
Survint une femme de la ville, une pécheresse.
Ayant appris que Jésus était attablé dans la maison du pharisien,
elle avait apporté un flacon d’albâtre contenant un parfum.
Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, près de ses pieds,
et elle se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus.
Elle les essuyait avec ses cheveux,
les couvrait de baisers
et répandait sur eux le parfum.
En voyant cela,
le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même :
« Si cet homme était prophète,
il saurait qui est cette femme qui le touche,
et ce qu’elle est : une pécheresse. »
Jésus, prenant la parole, lui dit :
« Simon, j’ai quelque chose à te dire.
– Parle, Maître. »
Jésus reprit :
« Un créancier avait deux débiteurs ;
le premier lui devait cinq cents pièces d’argent,
l’autre cinquante.
Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait les lui rembourser,
il en fit grâce à tous deux.
Lequel des deux l’aimera davantage ? »
Simon répondit :
« Je suppose que c’est celui à qui on a fait grâce
de la plus grande dette.
– Tu as raison », lui dit Jésus.
Il se tourna vers la femme et dit à Simon :
« Tu vois cette femme ?
Je suis entré dans ta maison,
et tu ne m’as pas versé de l’eau sur les pieds ;
elle, elle les a mouillés de ses larmes
et essuyés avec ses cheveux.
Tu ne m’as pas embrassé ;
elle, depuis qu’elle est entrée,
n’a pas cessé d’embrasser mes pieds.
Tu n’as pas fait d’onction sur ma tête ;
elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds.
Voilà pourquoi je te le dis :
ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés,
puisqu’elle a montré beaucoup d’amour.
Mais celui à qui on pardonne peu
montre peu d’amour. »
Il dit alors à la femme :
« Tes péchés sont pardonnés. »
Les convives se mirent à dire en eux-mêmes :
« Qui est cet homme,
qui va jusqu’à pardonner les péchés ? »
Jésus dit alors à la femme :
« Ta foi t’a sauvée.
Va en paix ! »
Sa réflexion
Le poids du jugement et le prix de la reconnaissance
« Il y avait une femme, dans la ville, une pécheresse. Elle avait appris qu’il mangeait chez le pharisien, et elle avait apporté un flacon d’albâtre rempli de parfum. Elle se tint derrière lui, à ses pieds ; elle pleurait et ses larmes mouillaient les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et versait sur eux le parfum. » (Lc 7, 37-38)
Réflexion : Au-delà des apparences
L’évangile de Luc 7, 36-50 est une puissante réflexion sur le jugement social et la puissance du pardon. D’un côté, nous avons Simon le pharisien, un homme respectable, observant et juste selon la loi. Il accueille Jésus chez lui, mais il le fait avec une froideur qui trahit son cœur. Il juge la femme « pécheresse » et remet en question la sagesse de Jésus de l’accepter. Il voit les apparences, les étiquettes que la société a collées sur cette femme, et ne voit rien de plus.
De l’autre côté, il y a cette femme anonyme. La société l’a condamnée, mais elle a un cœur brisé, plein de remords. Elle ne prononce pas un seul mot, mais ses actions disent tout : . Elle se prosterne aux pieds de Jésus, pleure, et les essuie avec ses cheveux. Ce n’est pas un geste de soumission, mais un acte d’amour radical. Elle ne cherche pas l’approbation de Simon ou des autres invités. Elle cherche seulement la miséricorde.
Cette parabole est une question pour chacun de nous. À qui ressemblons-nous le plus ? À Simon, qui regarde l’autre avec jugement, mesurant son amour et sa valeur selon nos propres standards ? Ou à la femme, qui dans un geste de vulnérabilité et d’humilité, offre ce qu’elle a de plus précieux ?
Méditation : La source de l’amour
Jésus explique clairement la différence entre les deux. Simon a fait un petit geste de courtoisie, mais la femme a fait un geste d’amour immense. « Celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour ; celui à qui on pardonne beaucoup montre beaucoup d’amour. » (Lc 7, 47)
Cette femme a beaucoup aimé parce qu’elle a compris qu’elle avait été beaucoup pardonnée. Elle a reconnu sa propre faiblesse et son besoin de miséricorde. Sa reconnaissance du pardon est ce qui l’a libérée et l’a rendue capable d’un amour aussi extraordinaire.
À l’inverse, Simon, qui se croyait juste, ne voyait pas son propre besoin de pardon. Il a offert une hospitalité mesurée parce que son cœur était mesuré. Son manque d’amour n’est pas un signe de sa vertu, mais de son incapacité à reconnaître sa propre imperfection.
Cette histoire est un rappel puissant que l’amour ne se mesure pas à notre perfection ou à notre statut social, mais à notre capacité à reconnaître notre besoin de grâce. C’est dans notre vulnérabilité que nous pouvons faire l’expérience du pardon de Dieu, et c’est cette expérience qui nous rend capables d’un amour profond et sincère pour les autres.
La miséricorde de Dieu n’est pas une récompense pour les méritants, mais un don pour ceux qui osent se reconnaître pécheurs.

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