Il était une fois, dans un pays où le soleil brillait toujours, un jeune voyageur nommé Léo. Il ne cherchait rien de moins que le bonheur, cet idéal que tout le monde lui promettait. Sa quête l’avait mené sur le Sentier des Vies, une route large et animée, où chaque virage offrait de nouvelles tentations.

D’abord, il y eut le Miroir du Succès. Chacun se bousculait pour y voir son reflet, un reflet magnifié par l’approbation et l’admiration. Plus Léo passait de temps devant le miroir, plus son visage souriant sur l’écran se transformait en une expression de fatigue. Il se sentait obligé de se montrer fort, parfait, sans jamais faiblir. Le miroir lui chuchotait : « Le bonheur est dans ce que les autres pensent de toi. » Mais Léo se sentait de plus en plus vide.
Puis, il y eut la Rivière de l’Hyper-Activité. Ses eaux coulaient à une vitesse vertigineuse, et la seule façon de la traverser était de ne jamais s’arrêter. Les voyageurs s’y précipitaient, se félicitant d’être « trop occupés » pour s’arrêter et contempler le paysage. Léo, lui aussi, s’est jeté dans le courant, épuisé de toujours courir, de toujours faire, sans jamais se demander pourquoi.
Finalement, il rencontra le Marché des Possessions, où l’on pouvait acheter des objets qui promettaient un bonheur instantané. Il acheta une montre qui lui disait le « bonheur du moment », une veste qui lui promettait de se sentir « important », et des chaussures qui devaient l’emmener « partout ». Mais les objets perdaient leur éclat dès le lendemain, et il se sentait de plus en plus lourd, enseveli sous ce qui ne servait à rien.
Épuisé et déçu, Léo s’est assis au bord du chemin. C’est là qu’il a remarqué, au loin, un chemin de traverse, beaucoup plus étroit et moins fréquenté. Au bout de ce chemin, il y avait un vieux phare, le Phare des Cœurs.
Il se leva et s’engagea sur ce chemin de terre. La montée était difficile, mais chaque pas le rendait plus léger. En haut du phare, il a rencontré un vieil homme aux yeux paisibles.
« Je cherche le bonheur, » dit Léo, le cœur lourd. « Mais je n’ai trouvé que des pièges. »
Le vieil homme a souri et a pointé du doigt la lumière du phare, qui balayait l’océan.
« Ces pièges ne sont pas des prisons, mon enfant. Ce sont des illusions. La lumière du Phare des Cœurs ne brille pas pour t’indiquer où aller, mais pour te montrer qui tu es déjà, sans ces masques, sans ces possessions, et sans la course incessante. Le bonheur n’est pas une destination, c’est la lumière que tu choisis d’allumer à l’intérieur de toi, peu importe où tu es. »
Léo a compris. Il a lâché le miroir du succès, a laissé couler la rivière de l’hyper-activité, et a abandonné le marché des possessions. Il a choisi de ne plus courir après le bonheur, mais de le faire naître, chaque jour, dans le silence de son propre cœur. Et il a continué son voyage, plus léger, plus libre, et surtout, plus lui-même.

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