Il était une fois une petite roche, toute lisse et ronde, qui vivait au fond d’une rivière tumultueuse. Elle s’appelait Galet. Depuis toujours, elle ne connaissait que le courant puissant qui l’entraînait, la bousculait et la faisait rouler sans cesse. Elle n’avait qu’un seul rêve : rester immobile, posée au fond de l’eau, à l’abri des remous.

Un jour, une vieille carpe sage passa près d’elle. « Pourquoi es-tu si triste, petit Galet ? » lui demanda-t-elle. « Je suis fatigué, » répondit Galet. « Je suis ballotté sans arrêt. Je voudrais juste trouver un endroit où me poser et ne plus bouger. »
La carpe, avec ses yeux ronds et profonds, sourit. « Comprends-tu, Galet, que c’est le courant qui te façonne ? Sans lui, tu serais une roche ordinaire, rugueuse et anguleuse. C’est l’adversité qui te rend si parfait, si doux au toucher. Chaque choc, chaque tourbillon, chaque friction avec le sable n’est pas une punition, mais une leçon. »
Galet écouta attentivement. Il comprit que sa vie n’était pas une lutte contre la rivière, mais une danse avec elle. Il cessa de résister au courant et commença à l’embrasser. Il sentit la force de l’eau, non plus comme une menace, mais comme une énergie qui le propulsait vers de nouveaux horizons.
Il roula et roula, descendant la rivière. Parfois, il se cognait contre d’autres roches, mais au lieu de se plaindre, il les considérait comme d’autres voyageurs avec qui il partageait un chemin. Parfois, le courant se ralentissait et il se posait un instant, profitant du calme et de la clarté de l’eau. Mais il ne chercha plus à s’y installer définitivement.
Un jour, après un très long voyage, Galet arriva à la mer. Le courant s’évanouit dans l’immensité de l’océan. La petite roche, maintenant une pierre d’une beauté et d’une douceur exceptionnelles, se posa sur une plage de sable fin. Les vagues venaient la caresser doucement, comme une récompense pour son long voyage.
Galet avait enfin trouvé le repos qu’il désirait, mais il savait maintenant que ce repos n’aurait eu aucune valeur s’il n’avait pas d’abord affronté le courant de la rivière. Il avait appris que la vie n’est pas de trouver un endroit où se cacher, mais de se laisser emporter par les défis, car c’est dans la lutte que l’on se découvre et que l’on devient une meilleure version de soi-même.

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