Frères et sœurs,

L’Évangile d’aujourd’hui est déconcertant. Jésus ne mâche pas ses mots. Il nous dit : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. ». Il ajoute qu’il faut porter sa croix et calculer la dépense avant de s’engager. Jésus nous bouscule, et c’est tant mieux, car son message est trop souvent banalisé.

Un choix radical, pas un choix de haine

Cette première phrase sur la haine de nos proches est la plus choquante. Jésus n’est pas en train de nous demander de détester nos familles. Son langage est un sémitisme (une façon de parler typiquement juive) qui utilise l’hyperbole pour exprimer la priorité absolue. Il veut nous dire que notre relation à Lui doit être la plus importante de notre vie, la source de toutes nos autres relations. C’est un choix radical, un engagement total. Dans un monde où nous sommes habitués à la carte, où nous pouvons choisir ce qui nous plaît et laisser de côté ce qui nous dérange, l’Évangile nous met face à un choix sans compromis.

C’est aussi un appel à la liberté. Le disciple, c’est celui qui se libère de toute emprise, de tout attachement qui pourrait l’éloigner de Dieu. Nos familles, nos amis, nos possessions peuvent devenir des idoles, des obstacles qui nous empêchent de suivre le Christ pleinement. C’est pour cela que Jésus nous demande de tout remettre en question, y compris nos relations les plus précieuses, pour que Dieu soit véritablement à la première place.

Calculer la dépense : un choix en pleine conscience

Jésus utilise ensuite deux paraboles pour nous faire réfléchir : celle de la tour et celle du roi qui part en guerre. Ces paraboles nous invitent à la lucidité. Le disciple, ce n’est pas celui qui s’engage sur un coup de tête, c’est celui qui a réfléchi aux conséquences de son choix. Il nous faut évaluer le coût de notre engagement.

Dans notre vie d’aujourd’hui, qu’est-ce que cela signifie ? Porter sa croix, ce n’est pas chercher la souffrance pour la souffrance. C’est accepter de vivre avec les difficultés, les épreuves et les sacrifices qui découlent de notre foi. C’est peut-être un manque de reconnaissance au travail, un conflit avec un ami, un sacrifice financier pour une cause juste, ou le simple fait de prendre du temps pour prier dans un monde surchargé. C’est accepter de suivre le Christ, même quand c’est difficile, même quand cela nous coûte.

Pour finir, la richesse de la pauvreté

Enfin, Jésus nous invite à renoncer à tous nos biens. De même que pour la « haine » des proches, il ne s’agit pas de rejeter la richesse ou le confort en soi, mais de ne pas en être prisonnier. L’argent, les possessions, le confort peuvent être de lourdes chaînes qui nous empêchent de suivre le Christ. Être pauvre en esprit, c’est ne dépendre de rien d’autre que de Dieu. C’est avoir le cœur libre et disponible.

Ce texte est exigeant, il nous demande une conversion constante, un choix de chaque instant. Mais le fruit de ce choix, c’est la vraie liberté, une vie riche de sens, une vie qui a de la valeur, une vie vécue avec Dieu. Il nous appelle à ne pas avoir peur de nous engager radicalement à sa suite.

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