Il était une fois, dans un royaume que l’on appelait le Monde du Vif, vivait une jeune fille nommée Éloïse. Comme tous les habitants de ce royaume, elle possédait un Écran de Cristal. Cet écran magique était une merveille : il montrait les visages souriants de milliers de personnes, leurs fêtes, leurs voyages, leurs exploits. Éloïse passait des heures, hypnotisée, à glisser son doigt sur la surface lisse, cherchant l’approbation d’un cœur lumineux qui s’allumait sous ses images.

Pourtant, plus elle regardait, plus une ombre grandissait en elle. Ces images de vies parfaites faisaient naître des créatures étranges : un petit démon nommé Jalousie qui lui murmurait qu’elle n’était pas assez belle, une autre, la Comparaison, qui lui disait que sa vie était ennuyeuse. Ces démons ne criaient pas, ils chuchotaient, mais leurs mots étaient comme des chaînes invisibles qui serraient son cœur. Éloïse souriait pour l’écran, mais au fond d’elle, elle se sentait de plus en plus vide.

Un jour, une vieille femme sage, qui vivait en marge de ce royaume, la vit assise, le regard perdu dans son écran. « Pourquoi cette tristesse, jeune fille ? » demanda-t-elle. « Mes démons me tourmentent, » répondit Éloïse, la voix brisée. « Ils me disent que je ne vaux rien. » La vieille femme lui sourit. « Ces démons se nourrissent de ce que tu leur donnes. Viens avec moi dans la Forêt Silencieuse. »

Éloïse la suivit, perplexe. La forêt était étrange : il n’y avait pas de lumière, pas de bruit, juste un grand silence. La vieille femme lui demanda de déposer son Écran de Cristal sur le sol et de s’asseoir. Au début, l’inconfort était insupportable. Le démon de l’Anxiété se manifesta, poussant Éloïse à prendre son écran. Mais la vieille femme lui tint la main. « Écoute, » dit-elle doucement. « Écoute le silence. Les démons détestent le silence, car ils ne peuvent plus y faire de bruit. »

Éloïse ferma les yeux. Elle ne se compara plus à personne, n’attendit plus de validation. Dans le silence, elle entendit enfin les battements de son propre cœur, le souffle du vent sur les feuilles. Elle découvrit qu’elle aimait la douceur de la mousse sous sa main et le chant d’un oiseau qu’elle n’avait jamais entendu. Le démon de la Jalousie, privé de ses images, se mit à trembler. Le démon de la Comparaison, privé de son miroir, s’effaça peu à peu.

Au bout de plusieurs heures, les démons, affamés et impuissants, se réduisirent à de simples ombres. Éloïse les vit, minuscules, s’éloigner d’elle. Elle n’avait pas eu à les combattre avec une épée, mais avec le courage de la déconnexion et la puissance de l’instant présent.

Elle ramassa son Écran de Cristal. Il était toujours aussi beau, mais son pouvoir sur elle était rompu. Elle ne cherchait plus la validation, mais se contentait de la joie simple de son propre cœur. Elle avait appris que la vraie lumière ne se trouvait pas dans l’écran des autres, mais dans le silence de sa propre âme.

Et elle vécut désormais dans le Monde du Vif, mais avec la sagesse de la Forêt Silencieuse, une sagesse qui la rendait vraiment libre.


Quels sont les « écrans de cristal » dans votre vie qui vous coupent du silence ?

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