Il était une fois, dans un village blotti au cœur d’une forêt ancestrale, un jeune homme nommé Léo. Son village était paisible, mais le cœur de Léo était une tempête. Il était habité par deux voix.

La première voix était douce et sage. Elle parlait de compassion, d’aide aux plus faibles et de la joie de partager. C’était la voix de la lumière. Elle l’encourageait à se lever tôt pour aider son voisin à labourer son champ, à partager son pain avec le voyageur affamé, et à écouter la douleur de ceux qui souffraient.
La seconde voix, en revanche, était basse et rauque. Elle parlait d’égoïsme, de peur et d’envie. C’était la voix de l’ombre. Elle lui soufflait que le monde était un lieu de compétition, que chaque acte de gentillesse était une faiblesse, et qu’il devait accumuler pour ne manquer de rien. « Pourquoi aider les autres ? » chuchotait-elle. « Concentre-toi sur toi-même, Léo. Les autres se débrouilleront. »
Jour après jour, ces deux voix se livraient un combat acharné dans le cœur de Léo. S’il écoutait la voix de la lumière, il ressentait une paix profonde et la satisfaction d’avoir bien agi. S’il cédait à la voix de l’ombre, il se sentait anxieux, seul et insatisfait.
Un soir, alors qu’il rentrait chez lui, il croisa une vieille femme qui trébuchait sous le poids de son fagot de bois. La voix de la lumière l’incita à l’aider, à lui proposer de porter sa lourde charge. Mais la voix de l’ombre s’éleva, puissante : « Ne t’encombre pas de ses problèmes. Rentre chez toi, tu es fatigué. »
Léo hésita. Il sentit la tension monter en lui, comme une corde qui s’apprête à se rompre. Épuisé par cette lutte incessante, il s’assit au bord du chemin, la tête entre les mains.
C’est alors qu’il se souvint d’une histoire que sa grand-mère lui racontait enfant. « Léo, mon chéri, elle disait, en chacun de nous vivent deux loups. L’un est bon et l’autre est mauvais. Et le loup qui gagne est celui que tu nourris le plus. »
Ces paroles résonnèrent en lui. Il comprit que le combat n’était pas de faire taire l’une des voix, mais de choisir laquelle il allait nourrir. Il décida alors de nourrir la voix de la lumière.
Léo se leva et se dirigea vers la vieille femme. Il lui sourit, prit le fagot de bois et l’accompagna jusqu’à sa petite chaumière. La vieille femme, surprise et touchée, le remercia avec gratitude. Sur le chemin du retour, Léo ne ressentit plus le poids de la fatigue. Il était léger. La voix de l’ombre s’était tue, et la douce mélodie de la lumière remplissait tout son être.
À partir de ce jour, Léo ne chercha plus à faire disparaître l’ombre, car il savait qu’elle faisait partie de lui. Il choisit simplement de la reconnaître sans lui donner de pouvoir. Il apprit à nourrir chaque jour sa part de lumière par des actes de gentillesse, des pensées de gratitude et des paroles d’amour. Et chaque fois qu’il le faisait, il sentait grandir en lui une force nouvelle, une paix profonde qui, doucement mais sûrement, apaisa la tempête qui régnait en lui. Il avait appris que le vrai combat n’est pas de vaincre son ombre, mais de laisser sa lumière briller.

Laisser un commentaire