Dans notre société, tout est question de classement, de performance et de réussite. Dès le plus jeune âge, on nous enseigne qu’il faut être le premier, le meilleur, le plus rapide. Que ce soit à l’école, dans notre carrière ou sur les réseaux sociaux, la compétition est omniprésente. Nous sommes constamment à la recherche de la reconnaissance et du succès, mesurés par des critères de performance et de visibilité.

Pourtant, Jésus, dans les Évangiles, nous propose une vision radicalement opposée. Sa phrase, « Les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers » (Matthieu 20, 16), est plus qu’une simple prophétie ; c’est une subversion totale de notre logique humaine. C’est une invitation à repenser nos valeurs et nos priorités.


Une inversion du mérite

Cette parabole ne signifie pas que le succès est mauvais en soi, mais elle nous met en garde contre l’orgueil et l’autosatisfaction qui peuvent l’accompagner. Le « premier » dans la logique de Dieu, ce n’est pas celui qui a le plus réussi, le plus accumulé ou qui a le plus de pouvoir. Le « premier » est peut-être celui qui, par son travail acharné, sa dévotion et son service, a su faire une différence dans le monde, sans jamais chercher les honneurs. C’est le petit, le humble, le serviteur, qui, selon la logique du Royaume, sera grand.

Cette perspective nous invite à nous poser des questions essentielles sur notre quotidien :

  • Qui sont les « derniers » aujourd’hui ? Sont-ce ceux que la société met de côté, les personnes qui n’ont pas les mêmes chances, les marginalisés ? Sont-ce ces bénévoles qui servent dans l’ombre, ces soignants épuisés, ces parents qui sacrifient tout pour leurs enfants sans jamais s’en vanter ?
  • Comment pouvons-nous les valoriser ? En reconnaissant leur dignité, leur courage, leur persévérance. En les voyant non pas comme des objets de charité, mais comme des frères et sœurs en humanité, précieux aux yeux de Dieu.
  • Qu’est-ce que cela signifie d’être « premier » selon le Christ ? Cela ne signifie pas d’être le plus riche ou le plus puissant, mais d’être le plus grand serviteur.

Une libération de la performance

Cette réflexion est une libération. Elle nous enlève le poids d’avoir à être constamment « premier ». Elle nous permet de ne plus nous comparer aux autres, de ne plus vivre dans la peur d’échouer ou d’être déclassé.

L’Évangile nous appelle à une humilité radicale : à nous décentrer de nous-mêmes, à ne plus nous prendre pour les maîtres de notre destin et à placer notre confiance en Dieu. C’est en faisant cela que nous trouverons la vraie liberté et la joie profonde que le monde ne peut ni donner ni enlever. Le paradoxe de l’Évangile, c’est que la vraie victoire ne se trouve pas dans la course, mais dans la renonciation. Et c’est en devenant le « dernier » que l’on se rapproche le plus du cœur de Dieu.

Laisser un commentaire