Il était une fois, dans un pays où les sentiments prenaient la forme d’objets, un jeune homme nommé Léo. Il avait hérité de ses ancêtres un Cœur de Cristal, fragile et d’une pureté sans égale. Ce cœur avait la particularité de briller d’une lumière douce quand il était rempli d’amour, et de ternir au moindre soupçon de haine, de jalousie ou d’égoïsme.

Un jour, fatigué de voir son cœur scintiller puis s’éteindre au gré des rencontres et des désillusions, Léo décida de l’enfermer dans un coffre pour le protéger. Il se dit : « Si je ne donne plus mon amour, on ne pourra plus me blesser. »

Le cœur de cristal, privé de la lumière de l’échange, commença à perdre de son éclat. Il ne se brisait plus, c’est vrai, mais il devenait froid, sans vie. Léo, lui aussi, se sentait de plus en plus seul, son monde devenant terne et silencieux.

Un soir, une vieille femme sage, qui avait observé sa solitude, s’approcha de lui. « Ton cœur n’est pas fait pour être gardé, Léo. Il est fait pour être donné. »

Léo, sceptique, lui demanda : « Mais que se passera-t-il si on le brise ? »

La vieille femme sourit. « Un cœur de cristal ne se brise pas par manque d’amour, mais par manque de partage. Sa force ne réside pas dans sa solidité, mais dans son infini capacité à se régénérer. »

Intrigué, Léo rouvrit le coffre et sortit son cœur. Il était presque noir. Il se rendit dans le village et fit quelque chose qu’il n’avait pas fait depuis longtemps : il sourit à un enfant qui jouait, il aida une femme âgée à porter ses courses, et il écouta avec sincérité les peines d’un ami.

À chaque acte de générosité, un petit éclat de lumière ravivait le cristal. Et le plus étonnant, c’est que plus il donnait, plus son cœur se régénérait, devenant plus lumineux, plus fort, sans jamais se vider. Il comprit alors que l’amour n’est pas une ressource limitée qu’on doit économiser, mais une source intarissable qui grandit à mesure qu’on la partage.

Il ne cherchait plus à protéger son cœur, mais à le diffuser. Il comprit que le véritable amour n’est pas celui qu’on enferme, mais celui qu’on offre sans compter, car il a la particularité de revenir toujours, plus grand et plus puissant qu’auparavant. Et le cœur de Léo, à force de donner, est devenu la lumière qui éclairait tout le village.

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