Dans nos sociĂ©tĂ©s modernes, l’idĂ©e de corriger son prochain est souvent perçue comme un manque de respect de la vie privĂ©e. On nous enseigne Ă ne pas juger et Ă laisser chacun vivre sa vie comme il l’entend. Et c’est une trĂšs bonne chose, car cela nous prĂ©serve d’une forme d’ingĂ©rence moralisatrice.

Pourtant, dans l’Ăvangile de Matthieu 18, 15-20, JĂ©sus nous invite Ă une autre voie : la correction fraternelle. Ce n’est pas une invitation Ă Ă©pier les fautes des autres, mais un appel Ă l’amour le plus exigeant. La correction fraternelle, c’est l’acte de se soucier de l’autre au point de ne pas le laisser s’Ă©loigner du chemin de l’amour et de la vĂ©ritĂ©.
Comment la vivre au quotidien ?
- Le but n’est pas de juger, mais d’aimer. L’objectif de la correction fraternelle n’est pas de prouver que l’on a raison, mais de ramener un frĂšre ou une sĆur Ă la lumiĂšre. Cela demande une humilitĂ© profonde : suis-je moi-mĂȘme irrĂ©prochable ? La correction est un service, pas une supĂ©rioritĂ©.
- Toujours dans le secret. La premiĂšre Ă©tape est cruciale : aller voir la personne en privĂ©, en tĂȘte-Ă -tĂȘte. C’est un acte de respect qui protĂšge l’autre de la honte et de l’humiliation. C’est aussi l’occasion de s’Ă©couter vraiment, de partager ses peines et ses doutes. On peut d’ailleurs commencer par dire : « Je suis mal Ă l’aise de te dire ça, mais je m’inquiĂšte pour toi… »
- Avec patience et persĂ©vĂ©rance. JĂ©sus nous invite Ă ne pas lĂącher prise facilement. Si la premiĂšre tentative ne fonctionne pas, il propose d’y aller Ă plusieurs. L’objectif est de montrer que l’amour de la communautĂ© est Ă l’Ćuvre. Le but n’est pas de l’isoler, mais de lui faire ressentir le soutien et la prĂ©occupation de toute une communautĂ©.
La richesse et les limites de la correction fraternelle
La plus grande richesse de la correction fraternelle est de nous rappeler que nous ne sommes pas seuls sur le chemin de la foi. Nous sommes tous des frĂšres et sĆurs, et nous avons le devoir de veiller les uns sur les autres. C’est l’un des piliers de l’Ăglise primitive, et c’est un moyen de grandir ensemble dans l’amour du Christ. Elle nous pousse Ă sortir de notre individualisme et Ă nous engager pour le bien de l’autre.
Cependant, la correction fraternelle a aussi ses limites. Elle n’est pas un prĂ©texte pour la mĂ©disance ou la calomnie. Elle ne doit jamais devenir une arme de jugement ou de pouvoir. Elle ne s’applique pas aux diffĂ©rences d’opinions ou aux prĂ©fĂ©rences personnelles. Elle ne concerne que les pĂ©chĂ©s qui nuisent Ă la relation avec Dieu, avec les autres, et avec soi-mĂȘme.
En fin de compte, la correction fraternelle est un acte de foi. C’est croire que l’amour peut restaurer ce qui est brisĂ© et que la misĂ©ricorde est toujours possible. C’est une invitation Ă ĂȘtre les tĂ©moins de la prĂ©sence du Christ, qui promet d’ĂȘtre là « quand deux ou trois, en effet, sont rĂ©unis en mon nom ».

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